S’il est clair pour tout le monde, et particulièrement pour l’Union Européenne, que la voiture électrique représente l’avenir, les ententes au niveau de la mobilité avancent peu ou en ordre dispersé.
Un véhicule pour se déplacer
Une voiture électrique nécessite de fréquentes recharges (son autonomie actuelle ne dépassant guère 150 km). Mais qui dit recharge, dit prise électrique. Or il suffit de voyager un peu en Europe pour s’apercevoir qu’il n’existe pas de prise standard, et que chaque pays (ou presque) a ses normes ou son format. Donc la mobilité se trouve très réduite : sans possibilité de passer les frontières (ou tout du moins de recharger sa voiture en dehors de son pays d’origine), pas de développement à grande échelle de la voiture électrique. Pour une prise unique, il faudrait que les constructeurs de voitures, les fabricants de matériel électrique et les compagnies d’électricité, sans parler des politiques, se réunissent autour d’une table et se décident pour une norme commune. Or, de ce côté, la cacophonie règne.

Personne ne sait encore si on utilisera nos prises actuelles qui supportent un courant de faible intensité (d’où un temps de recharge de 7 à 8 heures) ou des prises spéciales à forte intensité de courant et qui permettent une charge plus rapide. Et dans ce cas, encore faudra-t-il équiper les pays en bornes de recharge et trouver les endroits adéquats pour les installer et… l’électricité nécessaire pour les alimenter.
Actuellement, les premiers véhicules qui vont sortir ne permettent pas d’aller bien loin. Mais si l’on veut que ce moyen de déplacement se développe et évolue, il semble urgent de se mettre d’accord. Et les initiatives qui apparaissent ici et là ne semblent pas près de se coordonner. Ainsi, on trouve d’une part, des spécialistes d’équipements et de solutions électriques, d’autre part, la Commission Européenne et le Parlement, et, à côté, des initiatives d’états européens par petits groupes.
Les fabricants d’équipements électriques se regroupent
Du côté des équipementiers, en mars dernier, les Français Legrand et Schneider Electric et l’Italien Scame ont créé EV Plug Alliance pour définir une solution de branchement pour l’infrastructure de charge des véhicules électriques, dont ils souhaitent faire, à terme, un standard européen. Ils ont été rejoints par d’autres sociétés françaises comme Marechal Electric et Radiall, italiennes comme Gewiss et Vimar, une allemande, Weidmüller et même une japonaise Yazaki Europe. La solution d’EV Plug Alliance propose une charge de 24 kW avec une prise d’un très haut niveau de sécurité. Les premiers produits devraient sortir avant la fin de l’année.
Ministres et parlementaires européens discutent
D’autre part, les ministres européens discutent. Cela a été le cas en février déjà, lors d’une réunion des ministres de l’industrie. Ils ont approuvé le principe d’une politique européenne commune pour le développement des véhicules électriques pilotée par la Commission Européenne – avec un volet financier important. Un communiqué de presse du 6 mai, du Parlement Européen fait état des éléments suivants :
Ainsi les députés appellent à une action commune de standardisation – internationale si possible ou pour le moins européenne – des infrastructures et des technologies de rechargement, de soutien à la recherche et à l’innovation sur l’amélioration des batteries, d’amélioration des réseaux électriques grâce à la mise en place de réseaux intelligents et d’incitations coordonnées en vue d’assurer la compétitivité et l’efficacité énergétique de l’industrie des véhicules propres.
La Commission et les États membres devraient créer les conditions nécessaires à l’existence d’un marché unique de véhicules électriques afin d’éviter l’existence de systèmes et de normes incompatibles ou qui ne sont pas interopérables. Le développement de voitures électriques doit être bien équilibré, axé sur la réduction des embouteillages, de la consommation d’énergie, des émissions de CO2 et d’autres émissions mais sans négliger pour autant d’autres types de véhicules, tels que les vélos électriques, les tramways et les trains.
Les états membres prennent contact
Mais des états européens semblent aussi, par petits groupes, prendre des initiatives. Ainsi la France et l’Allemagne ont envisagé, depuis le début février, le lancement d’un projet pilote transfrontalier de mobilité électrique dès cette année. Et le 26 mai, en parallèle d’une séance du Conseil des ministres de l’industrie, l’Allemagne, l’Espagne, la France et le Portugal ont, dans un communiqué, demandé à la Commission Européenne de financer des projets pilotes pour obtenir une norme européenne en 2011.
Les associations veillent
Dans l’immédiat, les associations de sauvegarde de l’environnement réagissent avec des arguments bien différents au développement de la voiture électrique. Ainsi, un rapport commandé par Greenpeace, les Amis de la Terre et Transport et Environnement souligne que pour fabriquer les batteries nécessaires à ces voitures, il faut extraire des matières premières comme le plomb, le nickel et le lithium, dommageables pour l’environnement, et qu’il faudra encore produire plus d’électricité :
Dans les conditions actuelles, une augmentation des voitures électriques en circulation va probablement entraîner une plus grande production d’électricité dans les centrales nucléaires, à gaz et au charbon, sans forcément réduire la demande d’essence pour les voitures classiques.
On le voit, le sujet est très discuté et les préoccupations des uns et des autres ne se rejoignent pas toujours. Si tous soulignent qu’il y a urgence à agir, on a plutôt l’impression que la dispersion des actions risque de ralentir le procédé, alors que seul le rassemblement des différents acteurs autour d’une table permettrait de déboucher sur une solution commune. En fait, concevoir et fabriquer ces voitures sembleraient presque la seule chose facile !
Sources : Enerzine, ElectroniqueS, Usine Nouvelle, Durable.com, Communiqué de presse du Parlement Européen