Une publication de l’ADEME, à destination des professionnels de la communication et du marketing, pointe les entreprises abusant des termes « neutre en carbone » ou autres, tournant autour d’une prétendue neutralité carbone de produit, dans leur communication. Intitulé Utilisation de l’argument de « neutralité carbone » dans les communications, ce travail vient compléter l’avis de l’Agence sur la neutralité carbone publié en juillet 2021, qui permet d’en comprendre le concept et les limites. Elle souligne le fait qu’aucune entreprise, produit ou service proposé ne peut être neutre en carbone, et que ces allégations relèvent donc de l’écoblanchiment.

Des allégations « neutre en carbone » qui se multiplient
« Territoire neutre en carbone », « [Notre entreprise] garantit gratuitement la neutralité carbone de l’ensemble de ses produits et services », « Notre produit] est neutre en carbone », « neutralité carbone à vie », « station‐service 100 % carbone‐compensé », « livraison zéro carbone », « certifiée Carbon Neutral », « Net zéro carbone », « Notre ambition d’atteindre zéro émission nette de carbone »… L’ADEME note que de telles allégations se multiplient pour les entreprises, mais aussi pour les territoires et leurs institutions.
L’objectif de cette publication est donc de montrer que ces arguments de « neutralité » peuvent être trompeurs et exposer les organisations à des risques de controverses et bientôt juridiques. Ils peuvent même freiner des changements de comportements et provoquer des effets rebonds négatifs. Ils ne permettent pas de faire le tri entre les démarches réelles et celles qui relèvent du greenwashing. Et au final ils empêchent de mettre en avant les acteurs qui font preuve de sincérité et s’investissent réellement pour le climat. Elle présente également des exemples de formulation pour aider les organisations à communiquer de façon responsable sur leurs engagements climat.
La neutralité carbone n’a de sens qu’à l’échelle planétaire
L’agence rappelle que, selon la définition du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), « la neutralité carbone appliquée à toute échelle consisterait en l’atteinte d’un équilibre entre émissions et séquestrations anthropiques en tenant compte le plus souvent des émissions/séquestrations directes et indirectes de l’entité, mais pouvant aussi, selon cette seconde définition, se limiter aux émissions directes. »
De plus, selon le Code de l’environnement, « Il est interdit d’affirmer dans une publicité qu’un produit ou un service est neutre en carbone ou d’employer toute formulation de signification ou de portée équivalente, à moins que l’annonceur rende aisément disponible au public les éléments suivants » : bilan d’émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre, démarche grâce à laquelle les émissions sont évitées, puis réduites et enfin compensées, ainsi que leurs modalités de compensation.
Enfin, l’agence notait dans son avis sur la neutralité carbone, publié en juillet 2021, que « l’objectif de neutralité carbone, défini comme l’équilibre arithmétique entre les émissions et séquestrations anthropiques de GES, n’a réellement de sens qu’à l’échelle de la planète ».
Les recommandations de l’ADEME
L’ADEME recommande donc à tous les acteurs, du secteur privé comme du secteur public et non‐marchand, de s’engager dans une démarche de communication responsable. Ils doivent d’abord pour cela « se défaire de l’approche purement arithmétique de la neutralité et ne pas focaliser leur communication sur la prétendue neutralité de leur territoire, activité, produit ou service ».
Mais il leur faut aussi « communiquer de façon transparente, proportionnée et distincte sur les différents leviers de contribution à la neutralité carbone collective, en particulier la réduction massive de leur empreinte carbone et le financement de projets de compensation ».
Source : ADEME