Les canicules sont chaque année de plus en plus précoces, de plus en plus fréquentes et de plus en plus intenses. Cette année, de nombreux records de températures ont une fois de plus été battus en Europe. Pour en faire prendre conscience, des scientifiques français lance une idée : nommer les canicules, à l’instar des tempêtes ! Et pas de n’importe quel nom, mais de celui des entreprises les plus polluantes et responsables directes du dérèglement climatique.

Des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes
Ces canicules qui sévissent par vague depuis le mois de juin (la plus précoce en France a été enregistrée cette année) ont déjà causé des dégâts considérables. Elles peuvent être tout autant meurtrières, voire plus, que des tempêtes. Et les météorologues ont beau lancé des alertes et prévenir que ces épisodes vont à l’avenir se répéter et s’intensifier si rien n’est fait, cela ne suffit pas à éveiller les consciences écologiques.
Les tempêtes et les ouragans portent tous un prénom. A l’initiative de l’Organisation météorologiques Mondiale (OMM), 5 organismes régionaux sont chargés d’établir une liste de prénoms et doivent alterner masculin et féminin. Dans quel but ? selon l’OMM, il s’agit de « aider à identifier rapidement les tempêtes dans les messages d’alertes, car les noms sont beaucoup plus simples à retenir que des nombres ou des termes techniques ».
Nommer les canicules, pourquoi ?
Le but des scientifiques français est un peu différent. L’économiste Maxime Combes a proposé quant à lui de nommer les canicules explique qu’il existe une sorte de résignation dans la population, comme dans les réponses du gouvernement, face à ces épisodes. « Donner aux vagues de chaleur le nom d’une entreprise permet de lutter contre cette résignation. Ça permet de repolitiser ces phénomènes, de remettre au cœur du débat public la question de l’urgence climatique et de ses responsables, et de débattre de la réponse à apporter en matière d’atténuation », souligne-t-il.
Un nom permet selon lui de mieux s’en rappeler et de montrer « que le changement climatique se conjugue au présent ». Il a ainsi proposé de nommer la première de l’année (celle de juin), TotalEnergies1, puis la suivante TotalEnergie2, et ainsi de suite. Pourquoi « TotalEnergie » ? Parce que « TotalÉnergies est la première multinationale de l’énergie en France, et la pire en matière d’émissions de gaz à effet de serre » et que « Nommer les canicules d’après TotalÉnergies, c’est le meilleur moyen de montrer qu’une catastrophe climatique n’est pas un accident, et que toute la population n’en est pas également responsable ».
D’autres idées de noms émergent
Cependant des spécialistes du climat et de la météorologie français ont proposé d’autres noms sur les réseaux sociaux pour nommer ces canicules. Pourquoi se limiter à une seule entreprise ? Ils suggèrent d’établir une liste des entreprises mondiales les plus polluantes et de les classer par ordre alphabétique. Ainsi, on pourrait commencer par Aramco, puis de continuer avec BP, Chevron, et les autres, en changeant de lettre pour chaque nouvel épisode caniculaire.
Un journaliste de Médiapart, Mickaël Correia, propose également de nommer les canicules selon les noms des 63 milliardaires français, « qui brûlent la planète avec leur mode de vie insoutenable ». Bref, de nouvelles idées apparaissent, des débats s’engagent. « Mais même s’ils leur donnent des prénoms, comme c’est déjà le cas pour les cyclones, nous aurons progressé. Quand on ne nomme pas les choses, elles n’existent pas », conclut Maxime Combes.
Sources : Médiapart, Reporterre, Le Nouvel Obs, Le Monde