Après une petite diminution en 2009, due non aux efforts des politiques mais bel et bien à la crise financière qui a secoué le monde, les émissions de CO2 sont reparties à la hausse. Et, selon l’Agence internationale de l’Energie (AIE), de manière catastrophique : 30,6 milliards de tonnes de carbone ont été émises en 2010, soit plus 5 % en un an.
La concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère s’est accrue de 4 parties par million (ppm) en un an : elle atteint maintenant 393 ppm. Or, selon les climatologues, le système climatique sera gravement perturbé si nous dépassons les 400 ppm. L’un des objectifs de la convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique était d’empêcher « toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique », et de stabiliser à 2°C le réchauffement. Ceci semble tout à fait hors de portée désormais. Le respect de ce seuil de 2°C signifierait que, dans les dix prochaines années, les émissions augmentent moins qu’elles ne l’ont fait entre 2009 et 2010. En effet, dans son meilleur scénario l’AIE prévoyait de ne pas dépasser les 32 milliards de tonnes de CO2 par an jusqu’en 2020, puis une décroissance de ce chiffre après. Etant donné les chiffres atteints l’an dernier, cela semble d’autant plus difficile à imaginer maintenant que les émissions proviendront en 2020 de centrales thermiques déjà en activité ou en construction.
Les climatologues les moins pessimistes misent plutôt sur un réchauffement de 3° à 3,5°C entre l’époque préindustrielle (le XVIIIe siècle) et la fin du XXIe siècle. Mais plus d’un tablent plutôt sur 4°. Ainsi Nicholas Stern, de la London School of Economics affirme dans The Guardian :
[Les projections] supposent qu’il y a 50% de possibilité que l’augmentation de la température dépasse 4 degrés Celsius vers 2100. Une telle chaleur perturberait les vies et les moyens d’existence de centaines de millions de personnes à travers la planète, menant à un large mouvement de migration et au conflit.
Le charbon, le pétrole et le gaz représentent toujours plus de 80 % des sources énergétiques de la planète. Et l’on recourt toujours plus largement à leur combustion pour se fournir l’énergie dont on a besoin. Ainsi selon le cabinet Enerdata, l’usage du charbon pour générer de l’électricité a augmenté de 6 % l’an dernier, l’usage du gaz a grimpé de 8 % en 2010. Ces chiffres risquent de monter encore plus avec l’exploitation des gaz de schiste et l’annonce de l’Allemagne de recourir même provisoirement à ces sources d’énergie pour pallier son désengagement du nucléaire. Le pétrole a lui aussi repris sa croissance en raison de l’essor des transports routiers (+12 % en Chine l’an dernier) et des transports aériens.
De plus, au G8 de Deauville, les Américains, les Japonais, les Russes et les Canadiens ont confirmé qu’ils s’opposaient à la prolongation du protocole de Kyoto qui obligeait une quarantaine de pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5 % entre 1990 et 2012.
Le dernier rapport de l’AIE évoque, pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, en plus de la sobriété énergétique, les pistes des énergies renouvelables et du nucléaire. Mais ce dernier n’a plus la cote en Europe, depuis les conséquences du tsunami sur Fukushima : on l’a vu avec les décisions récentes de l’Italie, de la Suisse et de l’Allemagne d’en sortir dans les prochaines décennies.
Sources : Le Journal de l’Environnement, Maxisciences, Libération, Le Parisien, Yelomart (image)