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On ne va tout de même pas laisser des êtres humains couler sans rien faire. Qu’est-ce que ça nous dirait sur l’humanité ?

Un peuple jeune peut envisager son avenir avec optimisme. Plus d’un tiers de la population a moins de 15 ans, ce sont des forces solides pour bâtir des lendemains qui, à défaut de chanter, pourraient au moins fredonner.

Sauf que l’horizon est bouche.

A court terme, il n’y pas de travail.

A long terme, il n’y a plus de pays.

Les jeunes sans perspectives se sucident un peu trop pour une contrée avec autant de soleil. On se pend, c’est la manière locale.

Cette île sera un jour inhabitable et elle a bien conscience d’être suspendue à un compte à rebours mal défini. Ca vous mine le moral d’une nation.

L’idée de migration fait son chemin. L’achat de terres aux Fidji a marqué les esprits. La nouvelle, spectaculaire, s’est frayé un chemin dans la jungle de l’information mondiale. La dépêche a été reprise dans des dizaines de journaux, se déformant au fil des réécritures, jusqu’à devenir, en substance : Les Kiribati vont déménager pour survivre.

Là encore, c’est un peu plus compliqué que ça. « On va développer notre agriculture là-bas, afin de pouvoir acheminer les récoltes ici. Il s’agit avant tout d’assurer la sécurité alimentaire » , explique Andrew Teem, le conseiller climatique de la présidence. Ce bout d’île fidjienne est donc bien disponible, mais aucun plan de transfert de la population n’a jamais été sérieusement prévu, comme on pu le lire dans la presse.

« Nous sommes à court d’options, alors les considérons toutes » , assène le président Tong, qui a évoqué des projets d’îles artificielles. Des architectes ont dessiné des villes idéales stabilisées à la surface de l’eau. L’idée est séduisant, sa faisabilité paraît toutefois compromise quand on se souvient que le gouvernement manque de budget pour réparer ses ordinateurs.

Des rumeurs farfelus circulent à Tarawa : des milliardaires américains philanthropiques seraient sur le point d’acheter des îles désertes pour reloger les habitants des Kiribati. De façon plus officielle, l’ancien président de la Zambie a déclaré qu’il y avait « beaucoup de place » chez lui pour accueillir des réfugiés. Il est mort depuis.

Anote Tong a également fait état de pourparlers avec le Timor-Oriental, ce petit pays coincé aux confins de l’Indonésie. Les ancêtres des Micronésiens étant originaires de cet archipel, ce serait une boucle historique extraordinaire si le peuple I-Kiribati s’installait là.

Quelques semaines après mon retour, lors d’un reportage au forum de Davos, j’ai eu l’occasion de rencontrer le président du Timor-Oriental -et prix Nobel de la paix-, José Ramos-Horta. Il m’a confirmé les propos de Tong : « Oui, j’ai parlé avec les dirigeants des Kiribati. Ce sont des gens adorables. Je leur ai évidemment proposé de les accueillir. On ne va tout de même pas laisser des êtres humains couler sans rien faire. Qu’est-ce que ça nous dirait sur l’humanité ? »

Julien Blanc-Gras

Paradis
(avant liquidation)
Pages 206 à 208
Au diable Vauvert
Paradis (avant liquidation)

Comme chaque mois d’août, en collaboration avec citation-livre.com, nous publions des extraits des meilleurs livres relatifs aux sujets que nous traitons dans notre blog.

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