L’Observatoire National de la Précarité Energétique (ONPE) vient de publier son Tableau de Bord actualisé de la précarité énergétique. Il réunit les données disponibles les plus récentes, rassemble les principaux indicateurs permettant de quantifier le sujet, d’en comprendre le contexte et les effets, de faire état des difficultés des ménages et de dresser un bilan des principaux dispositifs de lutte contre le phénomène.
Les chiffres de la précarité énergétique
Dans les chiffres-clés, l’ONPE indique que 15 % de la population française déclarent avoir souffert du froid pendant au moins 24 heures au cœur de l’hiver dernier. Pour 4 ménages sur 10, la cause provient d’une mauvaise isolation (chiffres déjà relevés par le Médiateur de l’énergie, partenaire de cet observatoire). Pour les autres, cela peut encore provenir d’une installation de chauffage insuffisante (28 %), d’une panne (24 %) ou d’une limitation pour des raisons financières (19 %).
De plus, 11,6 % des Français consacrent plus de 8 % de leurs revenus pour payer la facture énergétique de leur logement, et ils font généralement partie des plus modestes. Ces factures ont d’ailleurs conduit 543 874 ménages à subir une intervention du fournisseur d’énergie (réduction de puissance, suspension de fourniture, résiliation de contrat), à la suite d’impayés d’énergie.
1/3 de la population pas correctement chauffée selon l’ONPE
Arnaud Leroy, Président de l’ONPE précise, à propos de cette étude : « Premier constat : près d’un tiers de la population déclare ne pas se chauffer correctement en hiver. Certains ménages se trouvent donc face à un dilemme : renoncer à d’autres dépenses pour se chauffer correctement ou se déplacer ou, au contraire, se résigner à avoir froid ou à se déplacer moins. »
En effet, si à partir de 2014, la facture totale d’énergie des ménages diminue après 4 années de hausse, le recul est imputable à la baisse des dépenses en énergie domestique (-3 %) plus qu’au carburant (qui reste stable). Elle peut aussi être liée à des températures clémentes sur ces années. « Bien que la facture d’énergie ait une tendance à la baisse sur ces dernières années, une progression de la part des dépenses énergétiques dédiées au logement est à noter » indique cependant le Tableau de bord.
Des aides financières…
Face à cette situation, les aides financières restent insuffisantes. Le programme Habiter Mieux est reparti à la hausse en 2017 et a aidé 52 000 ménages, pour la plupart des propriétaires occupants aux revenus modestes. Son budget s’est renforcé pour 2018 pour atteindre 75 000 logements par an.
Toutefois, l’enquête TREMI de l’ADEME (autre partenaire de l’ONPE) a révélé que les résultats ne sont pas souvent au rendez-vous : les travaux de rénovation énergétique n’aboutissent pas toujours aux économies escomptées. Ainsi, rappelle l’étude, sur 5,1 millions de rénovation énergétique, 200 000 seulement amène un gain énergétique représentant 2 classes du diagnostic de performance énergétique (DPE) ou plus.
… mais des montants d’impayés en augmentation
Toujours selon A. Leroy, « Second constat : selon le Secours Catholique, le montant médian des impayés augmente en 2017 après une baisse durant deux ans pour atteindre 789 euros. Il a augmenté de 189€ depuis dix ans auparavant, ce qui est préoccupant. »
Le Secours Catholique (également partenaire de l’ONPE) dresse chaque année le bilan des situations des quelque 1,5 millions de ménages qu’il accompagne. En 2017, 55 % déclaraient faire face à des impayés en lien avec le logement. Le montant moyen des impayés constatés a considérablement augmenté et ne peut être comblé par un chèque-énergie moyen de 150 €, ni même s’il est porté à 200 €.
Source : Tableau de bord de l’ONPE