L’affichage environnemental permet de comparer le bilan carbone de deux produits de même nature ou de comparer des catégories de produits lorsque cela est pertinent. Pour cela, des règles de calcul communes doivent être établies et utilisées par tous. Quatre ans après l’expérimentation en France, quel en est le bilan, où en est-on aujourd’hui et quelles sont les perspectives en France et en Europe ? Revenons tout d’abord sur les enseignements du rapport de cette expérimentation.
L’expérimentation nationale a réuni en 2011/2012 168 entreprises, distributeurs et fédérations professionnelles qui ont expérimenté un affichage sur les produits de consommation courante. À cette occasion, des indicateurs des impacts environnementaux les plus significatifs ont été apposés sur certains produits. Elle a fait l’objet d’un rapport au Parlement en septembre 2013 et permis de mobiliser l’ensemble des parties prenantes à une consommation et à une production éco-responsables. Cette démarche qui permet aux consommateurs de choisir des produits plus « verts » est prometteuse et désormais portée à l’agenda européen.
Selon le bilan produit au Parlement, le futur dispositif « doit être conçu comme un outil de démocratisation de l’information environnementale, au profit de tous les consommateurs et de toutes les entreprises, ce qui nécessiterait une approche simple et un appui technique des pouvoirs publics. Il doit permettre aux consommateurs de repérer facilement les produits verts à prix raisonnable et aux entreprises de s’engager sur le terrain environnemental à coût maîtrisé. Pour réussir l’extension de l’affichage, qu’il s’envisage sous sa modalité obligatoire ou volontaire, certaines conditions sont à respecter et plusieurs difficultés doivent encore être levées avant son lancement. »
En effet, le socle méthodologique nécessaire à l’affichage restait à parfaire dans certains secteurs de grande consommation, notamment agricole et agroalimentaire, mais la fourniture de ce socle technique à titre gratuit diminuerait le coût de la mise en œuvre de cet affichage pour les entreprises. Contrôle et vérification sont aussi des questions centrales, et les dispositifs proposés lors de l’expérimentation ne seraient que partiellement satisfaisants. De plus, le dispositif retenu devra être compatible avec les règles du marché communautaire et international.
D’autres éléments saillants ressortent de ce bilan. Ainsi, l’extension de l’affichage sera nécessairement une démarche mûre et progressive : un système sur base volontaire recueille l’aval des parties prenantes. Un affichage obligatoire pourrait s’envisager au terme d’une période volontaire. Les modalités d’affichage doivent par ailleurs être adaptées aux particularités des secteurs et des types d’entreprises (petites entreprises, entreprises artisanales). Une expérimentation européenne d’envergure, se déroulant sur 3 ans, verra donc son aboutissement cette année : « Un affichage harmonisé et porté au niveau européen serait en effet bien plus efficace que s’il restait limité aux frontières françaises » précise le bilan. Mais « Le maintien d’une dynamique nationale forte permettrait de porter au niveau européen l’approche opérationnelle et accessible, à la fois pour les entreprises et les consommateurs, qui a été retenue au niveau français. »
Par ailleurs, les partes prenantes devaient encore engager une réflexion importante sur le format du futur affichage, afin de veiller à « une information environnementale sincère, objective et complète. » Enfin, le succès du dispositif auprès des entreprises et des consommateurs dépend d’un accompagnement, au travers d’une campagne de formation et de sensibilisation, en s’appuyant sur des relais tels que les administrations déconcentrées, les associations, les élus et les collectivités territoriales.
Ce rapport met donc en avant une expérience pionnière qui donne à la France une position de leader, l’intérêt et la pertinence multicritères portant sur l’ensemble du cycle de vie, la source potentielle de compétitivité économique et de performance environnementale et une véritable attente des consommateurs.
Source : Bilan au Parlement de l’expérimentation nationale sur l’affichage environnemental