L’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économique) vient de réaliser une étude, Politique d’environnement et comportement des ménages, portant sur 10 000 personnes réparties dans 10 pays : l’Australie, le Canada, la Corée, la France, l’Italie, le Mexique, la Norvège, les Pays-Bas, la République Tchèque et la Suède. Quatre comportements ont été étudiés pour faire le tour des politiques susceptibles « d’encourager les populations à faire des choix environnementaux rationnels » : le rapport à l’eau, à l’énergie, aux déchets et au recyclage, aux transports. Aucun pays n’en ressort particulièrement verdi : chacun a ses forces et ses faiblesses, ce qui permet à l’OCDE de donner pour chaque domaine une tendance qui pourrait permettre aux gouvernements d’améliorer la situation.
L’objectif de cette étude est double : partager des politiques environnementales efficaces et une sensibilisation des populations aux enjeux de l’écologie. Le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría, précise que chacun peut participer au changement :
Il nous faut changer de comportement si nous voulons nous orienter vers la voie d’un environnement durable. Grande entreprise ou simple particulier, nous devons tous jouer notre rôle. Cette enquête montre que des politiques publiques éclairées aideront les individus à choisir la bonne voie, la voie de l’écologie.
Au long de cette étude, on découvre que, globalement, les Mexicains et les Coréens se montrent plus soucieux de leur environnement que les Néerlandais, et que les Australiens et les Norvégiens ont plus conscience que les autres que leurs actes peuvent faire changer les choses.
L’eau
Les ménages représentent 20 % de la consommation d’eau de la planète, bien moins que l’agriculture et l’industrie. Mais certains se montrent moins économes que d’autres : ainsi, les Canadiens et les Mexicains consomment pratiquement deux fois plus d’eau par personne que les Français ou les Tchèques.
Les Australiens ont une bonne avance dans le recours aux équipements permettant d’économiser l’eau : ils sont deux fois plus nombreux que les Coréens à posséder des lave-linge, des douches et des toilettes sobres en eau.
La constatation et la bonne pratique :
Le prix est un élément déterminant de ces variations – là où la redevance varie avec le volume consommé, on consomme 20% de moins d’eau.
L’énergie
Les ménages consomment 30 % de toute l’énergie disponible, et sont à l’origine de 20 % des émissions de CO2. Et les chiffres augmentent avec l’utilisation généralisée des téléphones portables, ordinateurs individuels et autres petits appareils électriques. Mais ces équipements se répartissent inégalement selon les pays : si les Norvégiens, les Australiens et les Canadiens possèdent en moyenne plus de 11 appareils par ménage, les Coréens, Mexicains et Tchèques en ont moins de 8.
Près de 80 % des ménages tchèques et italiens ont acquis au cours des 10 dernières années des appareils sobres en énergie. C’est le cas de 30 % des Coréens et de 40 % seulement des Suédois. Par contre, les Mexicains en tête, suivis des Néerlandais et des Français se montrent plus vertueux lorsqu’il s’agit de bonnes pratiques : éteindre les lumières, baisser le chauffage la nuit, éteindre les appareils.
La constatation et la bonne pratique :
Le comptage et la tarification de l’électricité encouragent à économiser, à acheter des appareils consommant moins d’énergie et à les éteindre après usage. Les ménages propriétaires de leur habitation sont enclins à investir pour économiser l’énergie – à mieux isoler leur logement, par exemple. Ce n’est pas le cas des locataires. Encourager les bailleurs à prendre des mesures pour louer des logements plus écologiques serait possible mais pourrait coûter cher.
Les déchets et le recyclage
Les ménages sont à l’origine de 75 % des déchets municipaux. De mieux en mieux gérés, par l’incinération ou le recyclage, les volumes restent cependant excessifs. Et plus on ramasse, plus on jette : 20 % de déchets de plus s’ils sont ramassés une fois par semaine que si la collecte est moins fréquente. Curieusement les ménages de petite taille produisent plus de déchets par personne que les familles plus importantes, et partout les jeunes générations 10 % de plus que leurs parents.
Si les Canadiens et les Suédois pointent en tête, on sait le retard de la France dans ce domaine. En ce qui concerne les déchets dangereux (batteries, piles, médicaments…), la plupart des ménages suédois et néerlandais s’en débarrassent dans de bonnes conditions de sécurité, ce qui n’est pas le cas d’une majorité d’Australiens, de Mexicains ou de Canadiens.
La constatation et la bonne pratique :
Faire payer le ramassage des ordures en fonction du volume encourage à produire moins de déchets que la perception d’une redevance fondée sur le poids. Pour le recyclage, le système d’enlèvement porte à porte est plus efficace, mais aussi plus coûteux, que le système par apport volontaire.
Les transports
Les émissions de gaz à effet de serre induits par les transports risquent d’être multipliées par 2 d’ici 2050, surtout en raison des transports personnels. Les Français privilégient la commodité, les Suédois la fiabilité, et les Mexicains la sécurité et tous le prix. Les Coréens se déplacent beaucoup en transport en commun, et la majorité des pays seraient d’accord avec eux, s’ils étaient plus rapides.
Les Tchèques se répartissent également entre déplacements à pied, en voiture ou en transports en communs. Dans tous les autres pays, plus de la moitié des habitants choisissent d’abord la voiture. Pour le deuxième choix, c’est plus varié : les Néerlandais préfèrent la bicyclette ; Canadiens, Français, Italiens, Tchèques, Suédois et Norvégiens préfèrent marcher ! Encore que les Mexicains et les Italiens aimeraient bien se déplacer à vélo, mais déplorent le manque d’infrastructures le permettant.
La constatation et la bonne pratique :
Les solutions proposées doivent être commodes – moyen de transport en commun à moins de 15 minutes de chez soi ou de son travail, infrastructures meilleures pour rouler à bicyclette. Le coût est bien sûr un facteur déterminant. La plupart de ceux qui ne possèdent pas de voiture affirment choisir leur mode de déplacement en fonction du coût et non de l’environnement. Les conducteurs d’automobiles réduiraient de 8 % leurs déplacements si le prix de l’essence augmentait de 20%.
Source : OCDE, webnet (image)