On connaît déjà les radars de tout poil contre les excès de vitesse et les franchissements de feux rouges. Mais des radars d’un autre genre viennent de faire leur apparition dans les rues de Paris : ils enregistrent la pollution émises par les véhicules, ainsi que leur type, dans un but scientifique. Ils permettent de connaître les émissions moyennes, en situation réelles, des véhicules analysés.
Des radars anti-pollution provisoires
Trois portiques provisoires ont ainsi été installés dans ville. Equipés d’une caméra et d’un laser EDAR (Emission Detection And Reporting), ils scannent les plaques d’immatriculation et le laser leur permet d’analyser les émissions polluantes que la voiture laisse dans son sillage.
L’un est situé Boulevard Diderot en direction de la Place de la Nation, dans le 12ème arrondissement, les deux autres dans le 13ème arrondissement, Rue de Tolbiac et Avenue de Choisy. Ils ne sont cependant pas là dans un but de verbalisation des voitures à l’origine de la pollution.
Ils sont en effet utilisés dans l’immédiat à des fins scientifiques, dans le cadre de l’expérimentation TRUE (The Real Urban Emissions Initiative), menée Conseil International pour un transport propre. Ils ont pour but d’analyser et de répertorier les émissions polluantes d’environ 120 000 véhicules.
« Ce n’est pas un outil de flicage mais un instrument de collecte anonyme de données qui va nous permettre d’obtenir un inventaire beaucoup plus précis de la pollution« , explique Christophe Najdovski, maire adjoint chargé des transports. « Quand on dit qu’à Paris la majorité de la pollution vient du trafic routier, ce n’est pas une vue de l’esprit. »
Comment cela fonctionne-t-il ?
Scanner la plaque d’immatriculation permet à l’appareil, relié à une base de données, de savoir s’il a à faire à un véhicule diesel ou essence. Quant au laser, il est dirigé vers le sol à la verticale de la voiture et son rayon est réfléchi par des réflecteurs collés sur la chaussée. Il traverse ainsi le nuage de gaz émis par le véhicule.
Ce radar peut effectuer jusqu’à 20 000 balayages par seconde. Les émissions polluantes s’inscrivent sur un graphique, chaque couleur correspondant au gaz émis : jaune pour les oxydes d’azote (NOx), rose pour les particules fines, bleu pour le dioxyde de carbone, rouge pour le monoxyde de carbone, vert pour les hydrocarbures. Le résultat apparait immédiatement sur un ordinateur portable, sous forme de trainées de couleur plus ou moins large en fonction de la quantité de gaz émis.
Pour quels résultats ?
A l’issue de l’expérimentation, les données sont compilées afin de dresser un état des lieux de la pollution émise par type de véhicules et par motorisation. Les scientifiques peuvent ainsi savoir, en situation réelle, les émissions moyennes de chaque modèle de véhicule (y compris les 2 roues) et de les comparer aux fiches techniques des constructeurs, qui optimisent leurs véhicules afin d’atteindre les résultats les plus bas possibles.
Automobile propre révèle que « déjà testés en Écosse en 2017, ces radars ont permis d’établir que certains modèles de véhicules Euro 6 rejetaient jusqu’à six fois plus que les seuils autorisés ». Le Monde explique par ailleurs qu’une première étude, achevée en juin, est arrivée à la conclusion que certains modèles rejettent jusqu’à 18 fois plus de polluants que les valeurs autorisées. Les résultats de la présente étude devraient être connus à l’automne.
Sources : Le Monde, Automobile Propre, BFMtv