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Perfluorés (PFAS) : les prochaines substances à bannir ?

Deux enquêtes parues ces dernières semaines pointent le danger des perfluorés (PFAS). Dangers pour la santé humaine, en particulier lorsqu’ils sont présents dans des objets en contact avec des aliments, mais dangers aussi pour l’environnement, puisque ces substances, dites « produits chimiques éternels » y subsistent, comme leur surnom l’indique, très, très, très longtemps.

Perfluorés (PFAS)

Perfluorés : des risques sanitaires et environnementaux

Les perfluorés, ou plus exactement substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS), constituent une famille chimique complexe regroupant près de 4500 composés distincts. Largement utilisés, notamment pour leurs propriétés antiadhésives ou antitaches, ils sont particulièrement présents dans les emballages à usage unique (type fast-foods), mais aussi dans la vaisselle jetable fabriquée dans des matériaux alternatifs autorisés comme substitut aux plastiques désormais interdits.

Mais les perfluorés présentent des risques pour la santé humaine, et ce sans parler de « l’effet cocktail », pour certains produits « qui présentent un cumul de substances (notamment composés perfluorés, chloropropanols, amines aromatiques), particulièrement pour les pailles en papier carton » (UFC Que Choisir). D’autant qu’ils peuvent migrer des emballages vers les aliments, comme des études l’ont montré. Parmi les graves effets néfastes sur la santé énumérés par les deux enquêtes : des cancers, des impacts sur les systèmes immunitaire, reproducteur et hormonal, ainsi qu’une réponse réduite aux vaccinations. Certains de ces composés perfluorés sont en effet cancérogènes, immunotoxiques, toxiques pour le développement et/ou perturbateurs endocriniens.

En ce qui concerne l’environnement, leur présence créée de nombreux déchets contenant ces substances préoccupantes, qui le pollue et s’accumule tout au long de la chaîne alimentaire. En effet, « profitant d’un encadrement européen trop laxiste des allégations vertes, les emballages mettent largement en avant leur caractère « compostable » ou « biodégradable«  ». Cela aboutit à relâcher dans le sol des substances particulièrement persistantes, dont l’élimination de l’environnement et de l’eau potable en particulier est difficile et coûteuse. Quant au recyclage, il n’est pas toujours possible (exemple : la vaisselle en feuilles de palmier, bambou ou canne à sucre, dès lors que les produits sont traités avec un liant hydrophobe).

Des PFAS omniprésents

Deux enquêtes ont été menées récemment : l’une par Générations Futures et 8 ONG européennes, l’autre par UFC Que Choisir, associée à trois autres organisations de consommateurs européennes. La première a analysé en laboratoire 42 produits (emballages provenant de grandes chaînes mondiales de restauration), la seconde 57 produits (39 articles de vaisselle et 18 modèles de pailles, principalement à base de pulpe végétale ou de feuilles de palmier pour la vaisselle, et en papier ou en carton pour les pailles, qui se sont substitués aux équivalents en plastique).

Et dans un cas comme dans l’autre, les résultats obtenus sont pour le moins inquiétants. La très grande majorité des échantillons testés contiennent des perfluorés : la quasi-totalité des emballages alimentaires et 66 % de la vaisselle et des pailles. Or la réglementation européenne n’est pas suffisamment protectrice envers les PFAS. Elle « ne définit pas de liste fermée de substances et additifs autorisés mais se contente de poser un principe général d’innocuité des matériaux utilisés par les fabricants de vaisselle et autres objets en contact avec les produits alimentaires », précise l’UFC.

Bannir ou strictement réglementer les PFAS

« Dans certains pays, des réglementations efficaces visant à inciter les entreprises à renoncer aux PFAS ont été mises en place », précise de son côté Générations Futures. C’est la cas du Danemark. « L’approche danoise, qui consiste à interdire l’ensemble de la classe de plus de 4 500 substances, montre que l’utilisation des PFAS dans des emballages alimentaires n’est pas une fatalité et que leur interdiction est réaliste ». Ce pays sert également de référence pour l’UFC Que Choisir qui relève que certains échantillons analysés présentent « une teneur en composés perfluorés 140 fois supérieure à la norme définie au Danemark ».

Les deux organisations françaises, ainsi que leurs partenaires européens, en appellent donc soit à une interdiction et à un engagement des enseignes dans le mouvement « Non au PFAS », soit au moins à la définition, dans le cadre de la révision de la législation sur les matériaux destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires, d’une liste précise des matériaux et additifs pouvant être utilisés sans danger. Il serait également souhaitable de renforcer le contrôle des allégations environnementales, notamment relatives au compostage, selon l’association de consommateurs.

Sources : Générations Futures, UFC Que Choisir

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