L’efficacité énergétique s’améliore dans le monde entier, mais en dépit de ses avancées, il reste encore beaucoup de progrès à faire pour rendre la production et la consommation d’énergie plus efficaces. Ce sont les conclusions d’un rapport du Conseil Mondial de l’Energie, présenté en marge des négociations de la COP22 à Marrakech. Ce rapport, intitulé Efficacité énergétique : La voie directe vers l’énergie durable montre que les politiques d’efficacité énergétique ont un rôle fondamental à jouer pour favoriser la transition vers l’énergie durable.
On peut tirer cinq principaux enseignements de ce rapport, qui, s’ils sont la marque des progrès réalisés, soulignent néanmoins la nécessité d’un engagement plus net :
- La productivité énergétique dans la plupart des pays s’améliore : la consommation par unité de PIB (intensité énergétique) baisse dans 80 % des pays sondés et dans la plupart des régions, en raison de facteurs tels que le prix élevé de l’énergie, le succès des programmes d’efficacité énergétique, l’expansion de la réglementation sur la réduction des gaz à effet de serre…
- Il existe néanmoins de grandes disparités entre les pays que ce soit pour la consommation énergétique domestique ou pour la consommation industrielle. L’Europe affiche l’intensité énergétique la plus faible par unité de PIB, alors que la Chine consomme, à la même mesure, deux fois plus d’énergie. De plus la diffusion d’appareils plus efficients et de meilleures pratiques est freinée dans les pays producteurs de pétrole par des prix d’énergie bas. De plus, la consommation par foyer varie considérablement d’un pays à l’autre : de 1 000 kWh en Inde à 8 000 kWh en Amérique du Nord.
- Les émissions mondiales de CO2 ont augmenté de 51 % depuis 1990, mais leurs principales sources ont changé. Elles ont diminué de 22 % en Europe pendant qu’elles triplaient en Chine et en Inde. Mais les émissions par habitant restent toujours plus élevées dans les pays développés (16 tonnes de CO2 en Amérique du Nord contre 2 tonnes en Inde et 6 tonnes en Chine).
- L’amélioration annuelle de l’efficacité énergétique s’est toutefois ralentie dans la plupart des régions : de 1,6 % de 2000 à 2008 à 1,3 % les années suivantes. Même si cela montre des résultats notables en dépit de la crise économique mondiale, cela reste bien en-deçà de l’objectif de 2,6 % fixé pour la progression annuelle. Sur les 15 dernières années, 3,1 gigatonnes équivalent pétrole (Gtep) ont cependant été économisées, ainsi que 7 Gt de CO2.
- Si les signaux « prix » sont importants pour améliorer l’efficacité énergétique, ils n’y suffisent pas à eux seuls : des politiques claires et ciblées sont indispensables pour favoriser un déploiement plus large d’équipements et services performants et guider le choix des consommateurs vers les solutions les plus efficaces et les plus rentables.
Le Conseil Mondial de l’Energie souligne également le rôle joué par les moteurs électriques industriels et autres systèmes motorisés : ils consomment en effet près de la moitié de l’électricité totale dans le monde et représentent 70 % de la consommation électrique industrielle globale. Le nombre croissant de pays adoptant des lois en matière d’économies d’énergie illustre cependant la consolidation de l’engagement institutionnel en faveur de l’efficacité énergétique. Elles sont généralement adaptées en fonction des activités économiques et des usages finaux. Normes minimales de performance énergétique pour les bâtiments, écolabels, etc. permettent de guider le consommateur vers des produit performants. Mais l’étiquetage n’est pas suffisant en soi : il constitue un premier pas et doit s’accompagner d’autres mesures visant à supprimer les équipements inefficaces ou à introduire de meilleures pratiques.