L’étude de l’ADEME Pertes et gaspillages alimentaires : l’état des lieux des pertes et gaspillages et de leur gestion par étapes de la chaîne alimentaire, outre la définition qu’elle présente des gaspillages, mesure le total des pertes et gaspillages générés sur 26 filières alimentaires représentant plus de 80 % des produits consommés en France et à chaque étape de la chaîne alimentaire, en précise l’impact carbone et propose des pistes de progrès.
Les enseignements de cette étude montrent l’importance des enjeux : l’ensemble des pertes et gaspillages alimentaires ainsi mesurés, toutes les filières alimentaires confondues, représente 10 millions de tonnes de produits perdus et gaspillés pour l’alimentation humaine, pour une valeur évaluée à 16 milliards d’euros. L’impact carbone de ce gâchis est quant à lui évalué à 15, 3 millions de tonnes équivalent CO2, soit 3 % de l’ensemble des émissions de l’activité nationale.
Ces pertes et gaspillages concernent tous les acteurs : aux 4 % de taux de pertes déjà à la production, s’ajoutent 4,5 % à la transformation, 3,3 % à la distribution et 7,3 % à la consommation (au foyer et hors foyer). Pour un consommateur à domicile, l’étude les évalue à 29 kg par personne et par an.
Selon les produits, les pertes et gaspillages ne sont pas les mêmes et ont lieu à des étapes différentes : ainsi les produits « périssables » vont davantage être perdus et gaspillés au niveau du consommateur, les produits « saisonniers » au niveau de la production, etc. Ces pertes n’ont d’ailleurs pas la même valeur à toutes les étapes de la chaîne alimentaire : 40 % de la valeur théorique des pertes et gaspillages correspondent à l’étape de la consommation. Cela provient en fait de l’augmentation de la valeur du produit au fil de la chaîne (coûts de transport, transformation, vente y compris publicité…) : « Ramené à l’individu, ces données montrent que les pertes et gaspillages qui sont générés au stade de la consommation représentent environ 108 € par an et par personne et s’élèvent à 240 € par an et par personne si l’on considère l’ensemble des pertes et gaspillages générés tout au long de la chaîne rapporté à la population française. Il s’agit du prix des produits au stade où ils ont été perdus, non ingérés. »
L’étude rappelle, en en donnant des exemples, que les initiatives pour lutter contre les pertes et gaspillages donnent de bons résultats. Chaque entreprise, acteur ou secteur d’activité, peut conduire des actions individuelles, mais aussi s’engager dans le dialogue avec d’autres acteurs pour faire évoluer sa filière et réduire collectivement les pertes et gaspillages. La réduction de la source est une priorité, mais l’augmentation des dons et l’amélioration de la gestion des pertes et gaspillages sont également des axes de progrès possibles : « La réduction des pertes et gaspillages alimentaires constitue un axe d’amélioration majeur pour une alimentation plus durable. Si des actions simples peuvent permettre d’obtenir des résultats rapides pour chacun des acteurs, les interrelations entre acteurs nécessitent un dialogue de fond pour faire évoluer les pratiques et que les comportements des uns ne conduisent pas aux pertes et gaspillages des autres, ou n’augmentent pas d’autres impacts (déchets type emballages, consommation d’énergie…). A ce titre, l’évolution de notre système alimentaire doit être regardée au travers de la multiplicité de ses enjeux et impacts. »