L’entreprise associative Solagro a publié un outil inédit, sous forme de carte interactive, qui permet à tous de se renseigner sur l’utilisation des pesticides dans toutes les communes de France. Créé à partir de données publiques, la carte Adonis – tel est son nom – a pour ambition de porter à la connaissance de tous les données communales sur l’usage des pesticides, notamment l’indice de fréquence de traitement des surfaces agricoles.

Une carte interactive sur l’utilisation des pesticides
Solagro est une entreprise associative née en 1981 de la volonté d’agriculteurs, de chercheurs et de professionnels de favoriser le développement, dans les domaines de l’environnement, de l’énergie, de l’agriculture et de la forêt, de pratiques et de procédés participant à une gestion économe, solidaire et de long terme des ressources naturelles.

La carte interactive tient son nom (Adonis) d’une plante messicole. Les plantes messicoles sont des plantes annuelles habitant dans les moissons, c’est-à-dire dans les champs de céréales d’hiver (blé, orge, avoine, seigle). « La disparition quasi-totale des plantes messicoles est l’une des conséquence de l’intensification des pratiques agricoles et notamment d’une utilisation généralisée des herbicides. Un plan national d’action (PNA) a été mis en place en 2012 pour les sauvegarder. Parmi ces plantes, l’adonis est l’une des plus emblématiques », précise Solagro.
L’indice de fréquence de traitements phytosanitaires (IFT)
L’indice de fréquence de traitements phytosanitaires (IFT) est un indicateur de suivi de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques (pesticides) à l’échelle de l’exploitation agricole ou d’un groupe d’exploitations. Il comptabilise le nombre de doses de référence utilisées par hectare au cours d’une campagne culturale.
La valeur de l’IFT communal répond à deux finalités majeures. Il peut d’une part être utilisé à des fins de recherches scientifiques et servir d’autre part de référence pour la définition et l’évaluation des politiques publiques nationales et européennes, dans des démarches de labellisation des exploitations agricoles et d’établissement de plans de progrès visant à réduire l’utilisation des produits phytosanitaires.
L’IFT renseigne sur le niveau moyen d’utilisation des pesticides en agriculture à l’échelle d’une commune et peut être décomposé par types de produits : herbicides, hors herbicides (insecticides, fongicides, traitements de semences et autres traitements), produits de biocontrôle. Le résultat obtenu correspond à une valeur de référence à laquelle les agriculteurs de la commune peuvent comparer leur IFT exploitation et à une valeur représentant le risque de pollution de l’eau, de l’air et des aliments lié à l’usage des produits phytosanitaires en agriculture.
Pour obtenir l’IFT d’une commune, décomposé pour chaque pesticide, l’entreprise croise les données de différents registres publics. Le Registre Parcellaire Graphique (RPG) 2020 qui donne accès à toutes cultures, les enquêtes Pratiques Culturales concernant les grandes cultures, l’arboriculture, la viticulture et le maraîchage, les parcelles en bio fournies par l’Agence bio sont ainsi utilisés pour établir cette carte.

Comment utiliser la carte ?
A partir de la saisie du nom d’une commune, ou d’un zoom sur la carte, celle-ci donne la situation de l’utilisation des pesticides au niveau de chaque commune métropolitaine. Pour chacune, elle indique l’IFT total moyen (s’échelonnant de 0 à 18,48). Il couvre l’utilisation de tous les pesticides (herbicides, insecticides, fongicides, traitement des semences). La fiche de chaque commune précise également la surface agricole utile (SAU), la part de l’agriculture biologique dans cette surface, la culture principale sur la commune et l’IFT pour cette culture.
« L’objectif global est de faire basculer dans le vert les 10 millions d’hectares actuellement dans le rouge », explique Aurélien Chayre, agronome chargé des projets d’agro-écologie-biodiversité chez Solagro. La conversion à l’agriculture bio et le choix de la culture en sont les leviers principaux.
Sources : Solagro, Actu-Environnement