
Un récent rapport de l’Agence européenne de l’environnement (AEE) chiffre les pertes humaines et financières dues aux phénomènes méthodologiques extrêmes entraînés par le dérèglement climatique. Au cours des 40 dernières années, ils ont provoqué entre 85 000 et 145 000 décès dans l’Espace Economique Européen (EEE) et coûté 520 milliards d’euros.
Des informations pour une meilleure stratégie d’adaptation
Le rapport Pertes économiques et décès dus aux événements météorologiques et climatiques en Europe (Economic losses and fatalities from weather- and climate-related events in Europe) évalue les données sur les pertes économiques dues à ces catastrophes naturelles. Les chiffres portent sur les années 1980-2020 et concernent les 32 pays de l’EEE (les 27 Etats membres de l’Union Européenne, ainsi que la Suisse, la Norvège, la Turquie, l’Islande et le Liechtenstein).
L’objectif du rapport et de l’indicateur de l’AEE est de fournir davantage d’informations basées sur des données sur l’impact des phénomènes météorologiques extrêmes et des risques liés au climat. Cela concerne les vagues de chaleur ou de froid, les fortes précipitations et les sécheresses, les incendies de forêt, ainsi que le risque accru qu’ils font peser sur les actifs, les infrastructures et la santé humaine.
L’impact humain des phénomènes météorologiques extrêmes
Ces événements météorologiques et climatiques devraient encore augmenter en raison du changement climatique dans les années à venir. Ils causent déjà des pertes économiques substantielles. Le suivi de l’impact de tels événements est important pour améliorer les mesures d’adaptation au changement climatique et de réduction des risques de catastrophe, et ainsi minimiser les dommages et les pertes en vies humaines.
Les principales conclusions du rapport montrent que l’impact économique et humains de ces phénomènes météorologiques extrêmes varie considérablement d’un pays à l’autre. En ce qui concerne les pertes humaines, l’évaluation a révélé qu’un nombre écrasant de décès – plus de 85% au cours de la période de 40 ans – était dû aux vagues de chaleur. La canicule de 2003 représente à elle seule entre 50 et 75 % de tous les décès dus à des événements météorologiques et climatiques au cours des quatre dernières décennies, selon les données. Des vagues de chaleur similaires après 2003 ont entraîné une diminution significative du nombre de décès, car des mesures d’adaptation ont été prises dans différents pays.
Des événements météorologiques et climatiques responsables de pertes économiques
En termes absolus, les pertes économiques les plus élevées sur la période 1980-2020 ont été enregistrées en Allemagne suivie de la France puis de l’Italie. A peine le quart (environ 23 %) des sinistres totaux étaient assurés. Mais ce chiffre varie considérablement d’un pays à l’autre, allant de 1 % en Roumanie et en Lituanie à 56 % au Danemark et 55 % aux Pays-Bas. Ces chiffres varient également selon les catastrophes naturelles : de 37 à 54 % des pertes totales pour les événements météorologiques, 15 à 24 % pour les événements hydrologiques et 7 à 16 % pour les événements climatologiques
Il faut ajouter à cela qu’environ 3 % de tous ces phénomènes météorologiques extrêmes sont responsables de 60 % des pertes économiques, selon le rapport de l’AEE. Les inondations sont responsables à elles seules de 44 % des coûts financiers. Il est cependant important d’intégrer les événements à petite et moyenne échelle pour évaluer pleinement les impacts du changement climatique et soutenir les actions d’adaptation.
L’Allemagne a été le plus touché des pays étudiés : elle compte au cours de ces quarante années 42 000 pertes humaines et 107 milliards d’euros dépensés en assurance et en réparation. La France a perdu pendant cette même période 26 700 personnes et de 99 milliards d’euros.
Selon l’AEE, il n’existe actuellement aucun mécanisme en place dans la plupart des États membres de l’UE pour collecter, évaluer ou notifier les pertes économiques dues aux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes de manière homogène et avec suffisamment de détails pour soutenir politiques d’adaptation. Or la collecte de données comparables auprès des pays européens est nécessaire pour présenter un aperçu cohérent et faisant autorité des pertes et des décès dus aux conditions météorologiques et climatiques extrêmes.
Sources : AEE, Actu-Environnement