L’institut économique suisse Prognos a mené une étude, relayée par l’Afase (Alliance pour une énergie solaire abordable), sur les effets de l’application de droits anti-dumping et/ou compensatoires sur les éléments photovoltaïques en provenance de Chine et conclut qu’une telle mesure constituerait une menace sur les emplois et la valeur ajoutée tout au long de la chaîne d’installation.
Prognos en a étudié les effets potentiels en termes d’emplois et de valeur ajoutée dans cinq pays de l’Union Européenne, à savoir l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la France et le Royaume-Uni sur les trois années à venir et juge cet impact négatif. En effet, l’application de ces droits augmenterait le coût des installations de modules photovoltaïques et aurait pour conséquence d’en réduire les volumes. L’institut se fonde sur trois scénarios différents avec des taux de droits de douane de 20 %, 35 % et 60 % : l’augmentation des droits de douane entrainerait un accroissement proportionnel des effets néfastes sur toute la filière photovoltaïque européenne.
Ainsi, des droits à 20 % provoqueraient la perte de plus de 115 000 emplois dès la première année, ce qui concernerait plus particulièrement l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni. La France serait touchée à hauteur de 5 900 emplois. L’institut évalue les pertes de valeur ajoutée tout au long de la chaîne photovoltaïque à plus de 4,5 milliards d’euros cette même année. Au bout de trois ans, ce seraient 175 500 emplois qui auraient été détruits et la perte sur la valeur ajoutée se monterait à 18,4 milliards d’euros.
Fixés à 35 % ou 60 %, les taxes douanières feraient perdre dès la première année plus de 190 000 emplois et plus de 240 000 au bout de trois ans, dont plus de 80 000 en Allemagne et entre 19 000 et 20 000 en France. Ils engendreraient après trois ans plus de 27 milliards d’euros de perte sur la valeur ajoutée pour les cinq pays concernés par l’étude.
Cet impact se traduirait sur l’ensemble de la filière, souligne l’étude, des installateurs aux services d’ingénierie. Cependant les producteurs de cellules, modules et plaquettes photovoltaïques pourraient y voir un impact positif dans l’augmentation de leurs ventes. Mais cette hausse devrait être limitée et de toute façon insuffisante pour compenser l’ensemble des pertes. De son côté, en se fondant sur cette étude, l’Afase précise, dans une lettre ouverte à la Commission Européenne :
La fabrication de modules représente tout au plus 30 % des 70 % de valeur ajoutée de l’industrie solaire européenne. Par conséquent, le fait d’imposer des droits ne pourrait s’avérer bénéfique que pour peut-être seulement 30 % de l’industrie tout en portant préjudice aux 70 % restants.
L’association conclut donc par cette demande à la Commission Européenne :
Pour toutes les raisons précitées, nous demandons sincèrement que la Commission européenne s’abstienne d’imposer des droits anti-dumping et/ou compensatoires et permette à la chaîne de valeur photovoltaïque européenne de se développer et grandir – ce qui contribuerait grandement à augmenter le taux d’emploi et la valeur ajoutée dans l’Union européenne.
Source : Afase