La Commission Européenne vient d’adopter un plan de mesures visant à réduire la consommation énergétique en Europe, ce qui aurait plusieurs avantages tant au niveau des pouvoirs publics, des entreprises que des ménages, puisqu’elle évalue à 1 000 € par ménage et par an le potentiel d’économies engendrées. Le plan permettrait de renforcer la compétitivité industrielle de l’Union Européenne et de créer 2 millions d’emplois selon les estimations de la commission.
On sait que l’Union Européenne s’est fixée trois objectifs pour 2020 : une réduction de 20 % des gaz à effet de serre, une part de 20 % d’énergies renouvelables dans la consommation totale et 20 % d’économies d’énergie : c’est sur ce troisième objectif que le bât blesse. Car, selon des déclarations récentes de la commission :
Si la situation reste inchangée, l’UE ne parviendra à réaliser que la moitié de l’objectif des 20 % pour 2020 en matière d’amélioration de l’efficacité énergétique ».
Et encore, Connie Hedegaard, le Commissaire au Climat, se montre encore plus pessimiste, puisqu’elle estime que l’Europe n’atteindra même pas les 10 % d’économies d’énergie sans mesures rapides. Par contre, toujours selon elle :
Si nous arrivons aux objectifs d’efficacité, alors la réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’UE sera de 25%.
Elle a par ailleurs insisté sur l’urgence des mesures à prendre :
Nous devons amorcer la transition vers une économie sobre en carbone maintenant. Plus nous attendrons, plus les coûts seront élevés. Du fait de l’augmentation constante du prix du pétrole, l’Europe voit sa facture énergétique augmenter chaque année et devient de plus en plus vulnérable face aux chocs des prix.
Le commissaire chargé de l’énergie, Günther Oettinger, se montrait du même avis sur l’importance de l’adoption de nouvelles mesures :
Malgré les progrès réalisés, nos estimations montrent qu’une nouvelle initiative décisive et coordonnée est nécessaire en matière d’efficacité énergétique, sans quoi l’UE n’atteindra pas son objectif des 20 % d’économies d’énergie d’ici à 2020. Le plan ouvre la voie à des politiques à plus long terme, indispensables pour créer, d’ici à 2050, une économie décarbonée qui utilise efficacement les ressources, et pour placer l’UE à la pointe de l’innovation.
L’efficacité énergétique va donc devenir l’instrument majeur pour à la fois limiter la dépendance énergétique de l’Europe à long terme et diminuer les émissions de CO2. Le plan propose plusieurs nouvelles actions :
- Il favorise le rôle exemplaire du secteur public et prévoit un objectif contraignant pour accélérer le taux de rénovation des bâtiments publics. Les pouvoirs publics devraient être obligés de rénover au moins 3 % de leurs bâtiments chaque année. Il introduit aussi des critères d’efficacité énergétique applicables aux marchés publics;
- Il a également pour objectif de déclencher le processus de rénovation des bâtiments privés et d’améliorer la performance énergétique des appareils électriques;
- Il vise à améliorer l’efficacité de la production d’électricité et de chaleur;
- Il prévoit des exigences en matière d’efficacité énergétique applicables au matériel industriel, un renfort des informations communiquées aux PME, ainsi que des audits énergétiques et des systèmes de gestion énergétique pour les grandes entreprises;
- Il est axé sur le déploiement des réseaux et compteurs intelligents qui fournissent aux consommateurs les informations et services indispensables pour optimiser leur consommation d’énergie et calculer leurs économies en la matière.
Par contre, le plan ne fournit dans l’immédiat aucun objectif chiffré, afin de ne contrarier personne. Mais la Commission Européenne précise qu’elle fera un rapport au printemps 2013 sur les progrès réalisés et prévient que si les conclusions de ce rapport révèlent que l’objectif global ne sera pas tenu, elle proposera alors « des objectifs juridiquement contraignants pour 2020 ».
Par contre, alors que le Commissaire au Climat souhaitait que 80 % des réductions soient faites au niveau interne, sans « se défausser en finançant des projets verts à l’étranger », le rapport stipule au contraire que les investissements à l’étranger restent une possibilité.
Sources : Communiqué de presse de la Commission Européenne, AFP, EurActiv