Bisphénols, phtalates, parabènes, éthers de glycol, retardateurs de flamme bromés et composés perfluorés… Santé Publique France a pour la première fois mesuré la présence de ces polluants du quotidien et leur niveau d’imprégnation des enfants et des adultes. Les résultats de cette étude montrent que ces substances sont actuellement présentes dans l’organisme de tous les Français.
Une étude en trois volets
Il s’agit en fait du premier volet de la grande étude de Biosurveillance, mise en place dans le cadre du Grenelle de l’environnement, afin de répondre aux préoccupations des Français et mesurer la présence des polluants du quotidien de l’environnement dans le corps humain. Les résultats s’inscrivent dans le cadre d’Esteban – Etude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition –, un programme de recherche lancé en 2014 pour suivre l’état de santé de la population, et en particulier son exposition aux polluants. Deux autres volets suivront : l’un sur les métaux et l’autre sur les pesticides.
Les travaux ont été menés sur un échantillon représentatif de plus de 1 100 enfants et plus de 2 500 adultes. L’étude comprend pour chacun des prélèvements biologiques (urines, sérum et cheveux) et un questionnaire sur les habitudes de vie, les consommations alimentaires et les caractéristiques des participants. Le but en était d’identifier en même temps comment ces personnes avaient été exposées à ces substances. L’analyse des résultats a permis de quantifier le présence de ces polluants du quotidien dans la population et de mieux connaître les sources d’exposition.
La contamination aux polluants du quotidien
Les bisphénols (A, F et S), les phtalates, les parabènes, les éthers de glycol, les retardateurs de flamme et les composés perfluorés sont pour certains des perturbateurs endocriniens ou des cancérigènes, avérés ou suspectés. Santé publique France a choisi de mesurer ces substances présentes dans notre environnement, et dont les usages sont généralement réglementés en Europe.
Les principaux résultats montrent que ces polluants du quotidien sont présents dans l’organisme de l’ensemble des adultes et des enfants. Pour la France, les niveaux d’imprégnation mesurés de ces substances sont généralement comparables à ceux d’autres études menées à l’étranger (Etats-Unis, Canada et Europe), sauf en ce qui concerne les retardateurs de flamme bromés, des bisphénols S et F et des parabènes, pour les études conduites en Amérique du Nord (où ils sont souvent plus forts, probablement en raison d’une règlementation européenne plus stricte).
Des sources d’exposition multiples
Plus inquiétant : on retrouve chez les enfants des niveaux d’imprégnation plus élevés que chez les adultes. Plusieurs hypothèses sont avancées : des contacts cutanés de type « main-bouche » plus fréquents avec certains objets du quotidien (jouets peintures…), une exposition accrue aux poussières domestiques ou encore un poids corporel plus faible par rapport à leurs apports alimentaires comparativement aux adultes.
Selon les substances, les sources d’exposition diffèrent. Ainsi l’utilisation des produits cosmétiques ou de soins augmente les niveaux d’imprégnation des parabènes et éthers de glycol. Quant à l’aération des logements, elle a une influence sur les niveaux d’imprégnation des perfluorés et des retards de flammes bromés : plus le logement est aéré, plus les niveaux d’imprégnation sont bas.
Selon Santé Publique France, « cette étude permettra d’établir pour la première fois des valeurs de référence d’imprégnation dans la population générale. La répétition de ces études est nécessaire pour suivre dans le temps les évolutions des expositions de la population et contribuer à estimer l’impact des politiques publiques visant à réduire les expositions ».
Sources : Santé Publique France, AFP