Alors que la Pologne s’apprête à accueillir la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP24) en décembre prochain, le pays se trouve confronté comme chaque hiver à une importante pollution. Les autorités reconnaissent que le smog y occasionne le décès prématuré de 40 000 personnes et 33 villes polonaises font partie du classement peu glorieux des 50 villes les plus polluées d’Europe.
Un des pays d’Europe où l’air est le plus pollué
La Pologne occupe depuis des années le haut du classement des pays européens les plus émetteurs de smog. La Cour de Justice européenne a déjà été saisie de son cas et la procédure pourrait aboutir à des sanctions financières. Cette brume constituée de polluants atmosphériques comme les particules fines y sévit particulièrement l’hiver et soulève de plus en plus d’inquiétude pour son impact sur la santé de ceux qui y sont exposés. Si les autorités polonaises reconnaissent 40 000 décès par an en relation avec la pollution, l’Agence Européenne pour l’Environnement porte ce chiffre à 50 000 sur une population de 38 millions.
L’indice européen de qualité de l’air, mis en place par l’AEE et la Commission européenne, corrobore d’ailleurs ces chiffres. La carte en ligne ne laisse planer aucun doute sur la pollution ambiante.

Le charbon, principale cause…
Le premier responsable de ce smog est le charbon, utilisé par des millions de Polonais pour se chauffer et souvent de mauvaise qualité. Il ne faut cependant pas oublier les transports (camions et voitures en tête) et l’industrie. Des associations environnementales, comme Greenpeace, demandent l’imposition de normes strictes concernant la qualité du charbon. Ces mesures auraient dû être introduites en mars 2017, mais ce n’est toujours pas le cas.
La seule prise par les autorités récemment impose des chaudières de meilleure qualité. Insuffisant, selon Marek Jozefiak, coordinateur de la campagne « Climat et Energie » chez Greenpeace, « il ne suffit pas d’avoir des chaudières modernes si on continue à y brûler du charbon de mauvaise qualité, très polluant. » Il arrive aussi fréquemment que les Polonais y brûlent des déchets de tout genre, sources de fumées nocives.
Fin octobre, le vice-premier ministre polonais avait annoncé des programmes dédiés à la lutte contre la pollution de l’air dans les 33 villes les plus atteintes, situées majoritairement au sud du pays. Katowice, ville sud de la Pologne qui accueillera la COP24, fait justement partie de ces 33 villes où la pollution sévit en hiver. De plus, une loi anti-smog signée il y a deux ans, par le président permet aux autorités régionales de réglementer les substances qui peuvent être utilisées pour chauffer les maisons. Cette loi a été adoptée en janvier dernier par l’assemblée régionale de Cracovie. D’autres régions sont censées suivre.
Avec un lobby très actif
Face au puissant lobby du charbon, les autorités sont soupçonnées de « mollesse » par les défenseurs de l’environnement. Elles ne promettent d’ailleurs pas d’améliorer la situation à court terme : même si, selon la ministre de l’Entrepreneuriat et de la Technologie, « Une amélioration sera ressentie d’ici cinq ans » grâce à la mise en vigueur de normes de qualité pour les carburants solides et à l’aide apportée aux plus pauvres, les « exclus énergétiques » pour isoler leurs logements, remplacer leurs vieux poêles polluants ou offrir du chauffage propre à des tarifs réduits.
Selon les ONG, les normes mises en place cachent la gravité de la situation. Ainsi, la pollution aux particules fines (PM10) n’est considérée dangereuse dans le pays qu’à partir de 300 microgrammes par mètre cube, alors qu’en France, le seuil est fixé à 89 microgrammes : « Si on appliquait en Pologne le seuil de pollution adopté en France, plusieurs villes vivraient en état d’alerte pendant des dizaines de jours, et certaines pendant deux mois par an » relève un responsable du Polski Alarm Smogowy (PAS, Alerte au smog polonaise).
Sources : AFP, Euronews, Courrier International