Le parc de logements français vieillit, et les nombreux habitats énergivores doivent être rénovés : c’est une obligation si l’on veut atteindre les objectifs du Grenelle de l’environnement. En effet, isoler son habitation, c’est aussi faire un geste pour l’environnement en limitant les émissions de gaz à effet de serre, en réduisant sa facture énergétique et en préservant les ressources.
Rénovations, soit, mais de préférence éco-rénovations. Pour de meilleures performances énergétiques, cinq points sont à examiner, et de préférence dans l’ordre : l’isolation et l’étanchéité, la ventilation, les portes et fenêtres, le système de chauffage et enfin l’éclairage et la gestion de l’eau.
Le toit et les murs
L’isolation et l’étanchéité viennent en premier, déjà par les déperditions importantes que représentent le toit et les murs opaques : 25 à 30 % pour le toit, 20 à 25 % pour les murs, selon l’ADEME. Voilà qui représente déjà une bonne moitié de la chaleur dont nous ne profitons pas et dont l’environnement se passerait volontiers.
Procédons par ordre : d’abord le toit, puis les murs, puis les planchers. Pour le toit les techniques varient selon l’utilisation que l’on peut avoir du grenier. Pour les combles perdus, une isolation correcte du plancher peut suffire, mais pour des combles aménageables et habitables, c’est toute la toiture qu’il va falloir isoler. Pour les murs opaques et le plancher, l’isolation doit être thermique certes, mais dans les zones urbaines, il est utile qu’elle soit aussi phonique. A la campagne, par contre, il est dommage de se passer du chant des oiseaux pour contrer le bruyant tracteur qui passe… une ou deux fois par jour !
On dispose maintenant de nombreux matériaux, mais tous ne sont pas aussi respectueux de l’environnement. Les classiques matériaux synthétiques (polystyrènes expansés et extrudés, polyester) très abordables, mais pas exempts de toxicité, les fibres minérales (laine de verre ou de roche) qui contiennent des éléments respirables et irritants peuvent être avantageusement remplacés par des matériaux plus naturels : des laines végétales (chanvre, lin, coton et bois) et animales (mouton). Les matériaux comme la cellulose, sont aussi efficaces, mais écologiquement controversés.
Les isolants ne conduisent pas la chaleur. Leur résistance thermique est d’autant plus élevée que leur épaisseur est importante et que leur coefficient de conductivité (lambda) est faible.
Toiture et murs isolés, on peut économiser déjà jusqu’à 50 % de sa consommation énergétique. Mais une bonne isolation bien réalisée va de pair avec une ventilation bien conçue. Dans les anciens logements, la question ne se posait même pas : la cheminée, associée à l’air qui passait le long des fenêtres et sous la porte assuraient ce rôle, en refroidissant sérieusement les lieux au passage.
L’aération
Ventilation naturelle ou assistée mécaniquement ? Les deux peuvent donner des résultats satisfaisants. Des grilles d’aération basses et hautes dans les pièces assurent une ventilation par tirage naturel, et un ensemble bien étudié donne des résultats satisfaisants. Plus onéreuse, une VMC (ventilation mécaniquement contrôlée) est idéale à coupler à des travaux de rénovation. Si l’on investit dans une VMC à double flux, l’air réchauffé ou refroidi par le système circulera à la température désirée pour une ventilation saine et contrôlée.
Selon le conseiller énergétique Pierre Kermarrec (cité par Travaux.com) :
Lors de mon dernier audit sur une maison datant des années 60/70, en refaisant simplement l’isolation et en ajoutant une ventilation performante, la maison est passé de la catégorie G à C sur le DPE.
Portes et fenêtres
Portes et fenêtres représentent 10 à 15 % des pertes de chaleur : elles ne viennent donc qu’une fois réalisés les travaux précédents. Des fenêtres à double vitrage et une porte étanche permettront quelques économies supplémentaires. Il existe plusieurs qualités de vitrage actuellement – double vitrage classique ou double vitrage à isolation renforcée (VIR) – et leurs résultats sont assez différents. Mais il ne faut pas oublier non plus la nature de la fermeture : volets ou persiennes bien fermés la nuit vont réduire les déperditions et limiter la température des pièces en été.
Le chauffage
Une fois toutes ces interventions réalisées, changer le système de chauffage n’est pas obligatoire. Des petites modifications, style robinets thermostatiques et programmateur, peuvent suffire. Mais bien sûr une chaudière trop âgée, même régulièrement entretenue, n’aura pas les rendements d’une nouvelle chaudière basse température ou à condensation. Il vaut mieux envisager de la changer… et de penser aux énergies renouvelables : un poêle à bois, des panneaux solaires par exemple.
Quelques détails supplémentaires
La maison isolée, aérée et correctement fermée, on peut alors passer aux travaux de détail : l’éclairage déjà, il est nécessaire de remplacer nos bonnes vieilles ampoules à incandescence qui chauffaient plus qu’elles n’éclairaient – et qui sont peu à peu interdites à la vente – par des lampes basse consommation ou même de passer aux LED (diodes électroluminescentes). C’est plus cher à l’achat, mais tellement plus intéressant à long terme.
Pour économiser de l’eau, en maison individuelle, on peut installer un système de recyclage de l’eau de pluie pour la chasse d’eau des toilettes par exemple, mais on peut aussi dans tous les cas se tourner vers des équipements beaucoup moins onéreux : des petits accessoires comme des mousseurs qui, en introduisant de l’air dans l’eau, donnent une même sensation de pression pour une quantité d’eau utilisée moindre.
Coordonner les travaux entre les différents professionnels qui doivent intervenir peut poser quelques problèmes et Travaux.com relève :
En moyenne une maison du parc immobilier français consomme 200Kw/m².an. Une maison neuve consomme 100Kw/m².an, et une maison BBC, le standard obligatoire pour 2012, 50Kw/m².an. 90% des travaux de rénovation n’atteignent pas le niveau de performance escompté parce que les particuliers ne se sont pas adressés aux bons professionnels. Un conseiller saura vous orienter. Faire appel à une entreprise de conseil en rénovation thermique est aussi une solution intéressante. Suite à une étude sur place, ce professionnel vous présentera plusieurs scénarios de travaux pour « verdir » votre logement.
Le financement
Reste à envisager le financement de tout cela : compter sur le prêt à taux 0, dont le service public précise :
Pour bénéficier de l’éco-prêt à taux zéro, les travaux doivent concerner l’une des 3 opérations suivantes :
– travaux permettant au logement d’atteindre un seuil minimal de performance énergétique global,
– travaux de réhabilitation de systèmes d’assainissement non collectif par des dispositifs ne consommant pas d’énergie,
– ou travaux comprenant au moins 2 types de travaux figurant dans la liste suivante (sous réserve de précisions apportées par un décret à paraître) :
- travaux d’isolation thermique performants des toitures,
- travaux d’isolation thermique performants des murs donnant sur l’extérieur,
- travaux d’isolation thermique performants des parois vitrées et portes donnant sur l’extérieur,
- travaux d’installation, régulation ou remplacement de systèmes de chauffage, le cas échéant associés à des systèmes de ventilation économiques et performants, ou de production d’eau chaude sanitaire performants,
- travaux d’installation d’équipements de chauffage utilisant une source d’énergie renouvelable,
- travaux d’installation d’équipements de production d’eau chaude sanitaire utilisant une source d’énergie renouvelable.
Quelques crédits d’impôts peuvent encore encourager les propriétaires à engager les travaux, et nous avons vu récemment que, pour les logements loués, les locataires pouvaient sous certaines conditions être obligés de participer en faisant profiter leur propriétaire d’une partie des économies d’énergie réalisées.