Le programme Habiter Mieux, lancé début 2011, doit aider les propriétaires occupants les plus modestes dans la réhabilitation thermique de leur logement (voir notre article du 23/5/2011). L’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH) vient de publier un premier bilan de ce programme qui prévoyait la rénovation de 300 000 logements d’ici 2017, dont 30 000 pour sa première année de fonctionnement. Ce bilan de la première année de fonctionnement fait état de 13 000 logements actuellement rénovés, pour 30 000 bénéficiaires au total, soit moins de la moitié de l’objectif.
Habiter Mieux s’inscrit dans une démarche de lutte contre la précarité énergétique, et commence, selon l’ANAH, à porter ses fruits. L’agence compte d’ailleurs sur la « dynamique enclenchée » pour accélérer le programme dans les prochains mois. Elle définit de la façon suivante le profil-type du bénéficiaire : « un ménage composé de deux personnes disposant d’un revenu mensuel d’environ 1 200 € et dont la personne de référence est âgée d’au moins 55 ans, » qui vit « dans une maison individuelle construite avant 1948 en secteur rural ou péri-urbain, » et dont le « logement peut être qualifié d’énergivore (étiquette G). »
Deux enseignements
L’ANAH tire deux enseignements de cette première année de fonctionnement : d’une part, « le ciblage sur les « passoires thermiques » permet d’engager une résorption forte de l’habitat privé le plus énergivore, » d’autre part, « le comportement des ménages change et conduit au choix des travaux de rénovation thermique les plus performants. »
En ce qui concerne le premier point, l’agence souligne qu’avant rénovation, les deux tiers les logements financés figurent dans les catégories G ou F (et même 86 % en Auvergne et en Franche-Comté). La rénovation thermique permet à près de 90 % de monter au moins d’une catégorie dans l’étiquette énergétique : 60 % en gagnent une, 21 % deux et 7 % au moins trois. A noter toutefois que 12 % restent dans la même catégorie. Le gain énergétique moyen se situe à 39 %, soit 14 points de plus que le seuil des 25 % exigés dans le cadre du programme.
Pour ce qui est de la deuxième remarque, l’agence note que les bénéficiaires, grâce à un accompagnement systématique, se concentrent sur les travaux les plus efficaces pour réaliser des économies d’énergie (isolation des combles, système de chauffage plus performant), plutôt que sur le changement des portes et fenêtres, « peu performants sur un plan énergétique. »
Mais « peut mieux faire »
Si l’objectif des 30 000 logements rénovés n’a pas été atteint, ce n’est pas faute de ressources financières, puisque la totalité de l’enveloppe dont dispose l’agence pour financer ce programme n’a pas été utilisée. Mais, reconnaît l’ANAH, « les aides existantes sont encore insuffisamment identifiées par les personnes susceptibles d’en bénéficier. » Il faut donc améliorer le repérage et l’information des foyers éligibles à l’aide. L’agence lance dans ce but un appel à la mobilisation de tous les acteurs locaux : élus locaux, services de l’état, acteurs sociaux, artisans, fournisseurs d’énergie. Car comme le souligne, Isabelle Rougier, directrice générale de l’ANAH : « Trouver les propriétaires occupants de logements énergivores et dont le revenu est très bas se révèle en pratique difficile. » Elle voit cependant une possibilité dans les « emplois d’avenir » pour venir renforcer ce dispositif :
Ils seraient chargés de faire du porte- à-porte pour inciter les propriétaires de logements énergivores, en difficulté, à se lancer dans des travaux de rénovation. Et, une fois la réhabilitation réalisée, ils repasseraient voir si le ménage a su adapter son comportement. Cela permettrait d’éviter « l’effet rebond » – annulation de l’amélioration de la performance énergétique du fait de la recherche d’un confort supplémentaire.
D’autre part, elle juge particulièrement bas les seuils de revenu fiscal de référence retenus (16 985 € en province et à 24 619 € en Ile-de-France) : un relèvement du niveau des ressources élargirait le champ des bénéficiaires.
Sources : ANAH, Le Moniteur