Verrons-nous bientôt des vêtements garantis développement durable ? En tout cas, on en prend le chemin : une trentaine de gros distributeurs et de chaînes de prêt-à-porter viennent de s’associer pour créer la « Sustainable Apparel Coalition » (coalition du prêt-à-porter développement durable ou encore coalition pour un habillement durable, selon les traductions) dont le but est de réduire l’impact écologique et social de la fabrication des vêtements, et de tracer chaque étape de la fabrication de l’habillement pour rendre cette industrie plus écologiquement responsable.
A l’origine de cette idée, une collaboration entre le numéro 1 américain des hypermarchés, Wal-Mart, pourtant peu connu pour ses engagements envers l’environnement, et la chaîne de vêtements de sport haut de gamme Patagonia, au contraire très impliquée dans le développement durable. Les distributeurs de vêtements ont jusqu’à présent peu de moyens pour contrôler l’impact carbone des vêtements qu’ils commercialisent, en raison de la complexité de la chaîne de fabrication : ils ne possèdent pas d’usines et ne peuvent tracer les innombrables sous-traitants qui apparaissent aux différentes étapes de la fabrication. Ils ont réuni autour de cette idée les plus grands noms de l’habillement et de la chaussure, basés aux Etats-Unis, en Europe et en Asie (Adidas, H&M, Timberland, Nike, M&S, Esprit, Levi Strauss…) auxquels se sont joints des groupements d’experts, des ONG, l’organisation Vérité (qui milite pour de meilleures conditions de travail) et des partenaires publics comme l’Agence Fédérale de Protection de l’Environnement.
Dans un premier temps, cette « coalition pour un habillement durable » va établir une batterie de critères et d’instrument permettant de mesurer la performance des produits en matière de développement durable : les quantités d’eau et d’énergie consommées, de produits chimiques utilisés, les taux de pollution, mais aussi les conditions de travail dans les usines de toute la chaîne de production. Les résultats seront rassemblés dans une base de données où chaque usine de fabrication et chaque sous-traitant seront notés en fonction de ses performances développement durable. L’idée est de tracer chaque étape de la fabrication afin de rendre l’industrie écologiquement plus responsable.
Les marques pourront ainsi choisir en toute connaissance de cause les fabricants en fonction de leur degré d’impact environnemental et social, ce qui, à terme, permettra de créer une pression sur les plus polluantes afin d’améliorer le processus industriel. Mais cette plateforme permettra aussi d’aider à partager les innovations qui peuvent améliorer les pratiques sociales et environnementales des fabricants et des distributeurs.
Dans un deuxième temps, cette coalition compte créer un label qui indiquera au consommateur le degré de développement durable du vêtement qu’il achète. Chaque participant s’engage à verser des fonds à l’organisation pour financer l’élaboration de la base de données : ainsi pour 2011, cela représente un investissement de deux millions de dollars. Jeffrey Swarz, le patron de Timberland, compte que la décision d’achat se fondera alors sur autre chose que la couleur et la taille :
Le gouvernement a des standards pour les voitures, mais nous n’avons pas de vrais standards pour le prêt-à-porter. À terme, cela donnera le pouvoir au consommateur.
Sources : Le Point, Fashion Daily, Sustainable Apparel Coalition