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Produire du biocarburant et/ou assurer la sécurité alimentaire ?

biocarburant et securite alimentaireNous avons déjà plusieurs fois évoqué dans ces pages les risques que fait peser, sur la sécurité alimentaire, le développement anarchique et à grande échelle de la production de plantes destinées à la production de biocarburant (voir les articles du 21 février et du 5 avril). Peut-on concilier d’une manière ou d’une autre la nécessité d’assurer la nourriture des humains et la fabrication nécessaire de carburants verts ?

En tout cas la FAO, organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation, semble y croire. Elle part du principe que les agrocarburants  représentent une chance de réduire les émissions de gaz à effet de serre, d’aider au développement rural et d’assurer l’indépendance énergétique des pays,  mais qu’ils ne doivent ni menacer la sécurité alimentaire des petits exploitants, ni être source de nouvelles émissions de CO2, liées au changement d’utilisation des sols, qui aggraveraient le dérèglement climatique, ni devenir causes de « dérives », comme cela a déjà existé dans certains pays. Les ONG se sont ainsi plusieurs fois élevées contre les déforestations sauvages et la concurrence avec les cultures vivrières des petits exploitants.

Or selon l’agence internationale de l’énergie, les agrocarburants devraient voir leur production multipliée par 14 d’ici 2050, portant leur part de 2 % à 27 %, et passant ainsi des 55 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) actuellement élaborées à 750 Mtep à cette date.

La FAO annonce avoir mis au point une méthodologie, la Bioenergy and Food Security (BEFS) Analytical Framework, permettant de donner aux états un outil de décision en évaluant le potentiel des bioénergies et leur impact sur la sécurité alimentaire locale. Financée par le ministère fédéral allemand de l’alimentation, de l’agriculture et de la protection du consommateur, elle a demandé plus de 3 ans d’études et se base sur les projections sur 10 ans des marchés agricoles nationaux et mondiaux, réalisées par l’OCDE (Organisation de coopération et développement économiques) et la FAO.

Il s’agit d’une série d’évaluations par étapes pour trouver des réponses aux questions essentielles relatives à la faisabilité du développement des bioénergies et à leur impact sur les disponibilités en denrées alimentaires et la sécurité alimentaire des ménages. Les dimensions sociales et relatives à l’environnement sont également prises en compte.

Cette méthodologie propose d’abord une analyse diagnostique des ressources naturelles et des terres, puis évalue les potentiels et les impacts sur l’environnement : elle prend ainsi en compte les zones de cultures vivrières et les espaces protégés, le climat, la productivité, les conséquences sur les ressources en eau. Mais elle examine aussi la possibilité d’intégrer dans la chaîne de production les petits exploitants et la rentabilité  de ces cultures et leur compétitivité par rapport à la production à grande échelle et peut même donner une estimation du tonnage des matières premières produites.

La FAO estime que cette production reste inappropriée dans certains cas, mais peut permettre dans d’autres de revitaliser les économies rurales, de réduire la pauvreté et d’améliorer la sécurité des ménages. La méthodologie BEFS a déjà été testée au Pérou, en Tanzanie et en Thaïlande, mais elle doit aussi laisser une place importante à la recherche et au développement de  nouvelles solutions.

Source : Le Journal de l’Environnement

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