La culture du riz est, on le sait depuis longtemps, une des principales sources d’émissions de gaz à effet de serre anthropiques. En effet, la décomposition anaérobique des matières organiques (racines et chaume du riz, engrais organiques) dans les rizières inondées émet beaucoup de méthane (CH4), considéré comme le troisième gaz responsable du changement climatique (après le CO2 et les fréons) par effet de serre. Or le riz est à la base de l’alimentation de très nombreuses populations. La question se pose donc de manière urgente : comment en produire davantage tout en réduisant les émissions de méthane ? Plusieurs pistes sont actuellement explorées comme le drainage intermittent des rizières ou la création de variétés nouvelles de riz.
Selon le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), les rizières produisent actuellement environ 60 millions de tonnes de méthane par an, entre 20 et 40 % des émissions totales de ce gaz, soit l’équivalent de 1,4 milliards de tonnes d’équivalent CO2. La production d’un kilo de riz correspond à l’émission de 120 g de méthane. L’IRD (Institut de recherche pour le développement) estime d’autre part que pour nourrir la population mondiale, la production de riz doit encore augmenter de 60 % en 30 ans.
Des chercheurs de l’IRD (qui participe à l’IRRI, Institut international de recherche sur le riz) ont démontré l’année dernière que des sols pourraient, dans des conditions adéquates, avoir le potentiel suffisant pour consommer tout le méthane produit in situ lors de la culture du riz. Mais ces conditions ne sont pas réunies dans les rizières inondées en permanence. Par contre, des expérimentations menées sur des parcelles de l’IRRI ont montré que deux drainages pendant le cycle de culture du riz permettraient de réduire de 80 % les émissions de méthane, grâce à la fois à l’inhibition partielle de la production de ce gaz et à une augmentation de sa consommation par des micro-organismes. Le drainage intermittent apparait donc comme une piste intéressante de réduction des émissions de méthane par les rizières.
Lors du congrès mondial sur le riz réuni récemment à Hanoï, un autre programme international de recherche a été lancé afin de développer de nouvelles techniques qui permettront à la fois d’accroître les rendements et de réduire les émissions de méthane. L’IRRI, chargé de coordonner ce programme, va ainsi consacrer plus de 400 millions d’euros pour créer des variétés demandant moins d’eau et résistant mieux à la sécheresse. La réussite de ce plan devrait, selon le directeur de l’IRRI, permettre à la fois d’améliorer l’alimentation de millions de personnes et de réduire, à l’horizon 2035, les émissions de méthane d’un milliard de tonnes d’équivalent CO2.
Sources : IRD, Journal de l’Environnement, ac-limoges (image)