Manger bio nous permet-il de réduire notre impact environnemental ? Pas si sûr, tout du moins dans l’état de notre consommation actuelle, puisque presque 40 % des produits bio consommés en France proviennent de l’exportation. Or, on le sait, les transports participent pour une part importante dans les émissions de gaz à effet de serre et dans la pollution.

Si 46 % des Français ont consommé du bio au moins une fois par mois l’année dernière, ils ne sont par contre que 6 à 9 % (selon les sondages) à en consommer quotidiennement. Mais même avec ces chiffres modestes, l’offre française ne suffit pas : moins de 2,3 % des surfaces agricoles produisent du bio (21ème place sur les 27 pays européens en part de territoire cultivé en bio). Autrement dit, pour satisfaire la demande, il faut importer près de 40 % des produits bios consommés en France. Et 40 % des importations sont des produits pour lesquels la France a « une forte vocation naturelle » : fruits et légumes, céréales, lait, viande de porc…
La raison ? Les pouvoirs publics qui développent une politique peu favorable au bio. Selon l’association Bioconsom’acteur, en 2002, 177 559 hectares étaient cultivés en bio. En 2008, 47 473 ha seulement, soit une chute de 73 %. En 2009, cependant, suite au Grenelle de l’environnement, le bio s’est un peu redressé et 3 800 exploitants agricoles ont choisi d’y consacrer leur production : soit en un an, plus d’agriculteurs que dans les sept années précédentes.
Mais selon Dominique Marion, président de la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB), il existe une grande différence entre ce qu’annonce le gouvernement et ce qu’il met en œuvre. En cause, selon lui, 40 ans de co-gestion avec la FNSEA, qui préfère de loin l’agriculture intensive, plus rentable. Les objectifs du Grenelle – 6 % des terres en bio en 2012 et 20 % en 2020 – sont totalement hors d’atteinte dans l’état actuel des choses, et au vu de l’importante régression qui s’est opérée dans les dix dernières années.
Pourtant quelques chiffres auraient de quoi faire réfléchir : un melon, même bio, importé d’Amérique du Sud nécessite 60 fois plus de pétrole qu’un melon cultivé en France et consommé en saison. Bonjour les émissions de CO2 !
Une seule solution : privilégier les produits bios cultivés localement, et les consommer en saison.
Source : L’Express