L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) vient de publier son rapport annuel sur les perspectives des technologies de l’énergie (Energy Technology Perspectives). Il plaide en faveur d’une mobilisation, pour les états, beaucoup plus importante de fonds pour l’innovation dans le domaine de l’énergie, afin de limiter à 2° C la hausse des températures à l’horizon 2050.
Cette étude annuelle, analytique et prospective mondiale à long terme, intitulée Perspectives des Technologies de l’Energie, est cette année sous-titrée Mobiliser l’innovation pour accélérer la lutte contre le changement climatique. Elle vise à mieux connaître les défis de la transition énergétique dans les quarante années à venir : identifier les meilleures voies pour améliorer la sécurité énergétique, l’efficacité énergétique et la réduction des gaz à effet de serre, orienter l’innovation et les Recherche et Développement (R & D) vers les domaines les plus prometteurs. A ce titre, elle préconise plusieurs recommandations.
Ce sont justement les dépenses en R & D, jugées essentielles, qui inquiètent l’AIE. En effet, si elles ont progressé en valeur absolue depuis la fin des années 90, elles se sont effondrées en valeur relative. Elles atteignent aujourd’hui 3 % à 4 % des dépenses publiques de R & D, alors qu’au début des années 80, elles culminaient à 11 %. Selon l’AIE, l’effort public devrait être « au moins multiplié par trois ». Mais, ajoute-elle : « Les gouvernements ne seront pas en mesure à eux seuls d’assurer un niveau d’investissement dans l’énergie propre compatible avec l’objectif de 2 °C et il est donc indispensable de mobiliser les capitaux du secteur privé. »
Les investissements publics en faveur des innovations dans le domaine de l’énergie représentent actuellement 17 milliards de dollars par an. Pour assurer la transition énergétique vers un système électrique global décarboné en 2050, l’AIE chiffre en effet les investissements nécessaires à un peu moins de 1 % du PIB global cumulé à cet horizon et cela devrait se traduire par des économies de carburants 3 fois supérieures.
Le recours aux énergies carbonées doit être fortement limité. Or, actuellement les systèmes de chauffage et de climatisation reposent à 70 % sur les énergies fossiles et constituent un potentiel peu exploité, puisque ces deux applications représentent 40 % de l’énergie finale consommée dans le monde, devant les transports (27 %) et sont à l’origine de 30 % des émissions mondiales de CO2. Le rapport préconise de réduire la part des combustibles fossiles à moins de 50 % au milieu du siècle, en faisant appel, à hauteur de plus de 40 %, aux énergies renouvelables.
L’édition 2015 fait aussi deux « focus » principaux : sur la lutte contre le changement climatique et sur la Chine. Le rapport analyse les mesures nécessaires et réalisables qui peuvent être prises dans le court et moyen terme pour ouvrir la voie aux objectifs de politique énergétique de long terme, non seulement pour les 30 pays membres de l’AIE mais aussi pour l’ensemble du Monde. Il analyse aussi les tendances récentes, en indiquant les avancées et les retards constatés pour le développement des principales technologies de l’énergie bas carbone.
Sources : MEDDE, Journal des Energies Renouvelables, Le Monde