L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a publié un avis supplémentaire sur la qualité de l’air ambiant. Elle y préconise la surveillance du 1,3-butadiène et un suivi renforcé des particules ultrafines ainsi que du carbone suie.
Les impacts des polluants
La stratégie de surveillance de la qualité de l’air ambiant européenne repose sur des normes de qualité pour un certain nombre de polluants. Certains peuvent en effet avoir un impact sur la santé humaine et ne sont pas pris à ce jour en compte dans la surveillance réglementaire. L’Anses propose une liste de nouveaux polluants prioritaires pour cette surveillance, en complément de ceux déjà surveillés.
C’est dans ce cadre que l’Agence sanitaire recommande une surveillance nationale du 1,3-butadiène et un suivi renforcé des particules ultrafines et du carbone suie.
Pour le premier, il s’agit d’un hydrocarbure gazeux extrêmement inflammable, que l’on sait cancérogène (il est classé en première catégorie par le CIRC – Centre international de recherche sur le cancer). Il est émis par des activités industrielles traitant du plastique et du caoutchouc, mais aussi par l’échappement des moteurs et la fumée de cigarette.
Les particules ultrafines (PUF) peuvent être d’origine naturelle (incendies de forêts, éruptions volcaniques…) et anthropique (échappement des moteurs, chaudières…). Bien que suspectées d’avoir des effets graves sur la santé, elles ne sont pas encore réglementées. Quant au carbone suie, il s’agit d’un composé chimique, connu à la fois pour ses effets climatiques (il participe au réchauffement de l’atmosphère) et sanitaires (maladies respiratoires obstructives, cancers du poumon…).
Une surveillance améliorée de l’air ambiant
L’Anses a utilisé pour cet avis une méthode en trois étapes : d’abord la constitution d’une liste socle de polluants d’intérêt, puis un tri parmi les 557 polluants retenus en fonction de critères d’occurrence dans l’atmosphère et de dangerosité intrinsèque, enfin une hiérarchisation des polluants identifiés comme prioritaires.
Outre l’intérêt d’une surveillance du 1,3-butadiène, il est nécessaire selon l’Anses de compléter et de pérenniser l’acquisition de données pour les particules ultrafines et la carbone suie. D’autant que le premier, d’après différentes campagnes de mesures ponctuelles, dépasse fréquemment la Valeur Toxicologique de Référence (VTR). Les deux autres doivent donner lieu à un suivi à long terme, compte tenu de leurs enjeux en termes d’impact sanitaire.
Dix autres polluants apparaissant sur cette liste doivent être observés : le manganèse, le sulfure d’hydrogène, l’acrylonitrile, le 1,1-2-trichloréoéthane, le cuivre, le trichloréthylène, le vanadium, le cobalt, l’antimoine, le naphtalène. Eux-aussi donnent lieu à des dépassements des VTR dans des contextes particuliers (industriels notamment). Il faut donc s’assurer de l’adéquation de leur surveillance réglementaire pour une meilleure qualité de l’air ambiant. Elle préconise également la création d’une banque nationale de données de mesures existantes pour les polluants actuellement non réglementés présents dans l’air ambiant.
Enfin, s’agissant de polluants non réglementés, l’Agence rappelle les conclusions de ses précédents avis sur la nécessité de surveiller les pesticides dans l’air ambiant et la pertinence de pérenniser le système de surveillance autour des pollens, afin d’anticiper la prise de médicaments pour les personnes sensibles.
Source : Anses