La Cour de Justice européenne, tout comme le Conseil d’Etat, reproche à la France, et notamment à la région parisienne, de ne pas respecter les normes en matière de qualité de l’air. Airparif, dans une étude prospective parue récemment, évalue les baisses déjà engagées et celles nécessaires pour respecter les valeurs réglementaires. Car celles obtenues grâce aux actions engagées ne permettront pas de les atteindre.

Une amélioration de la qualité de l’air, mais…
Les baisses initiées grâce aux mesures prises devaient donner en 2025, par rapport à 2018, les résultats suivants : -17 % pour les oxydes d’azote (NO x), et -12 % pour les particules PM10 (moins de 10 micromètres de diamètre). Mais « d’après les évaluations menées par Airparif, les baisses d’émissions obtenues grâce aux mesures déjà prises seront insuffisantes pour respecter la valeur réglementaire en dioxyde d’azote. Cette valeur est à respecter depuis 2010 », prévient l’agence.
L’étude quantifie la baisse d’émissions de polluants dans l’air nécessaire en Île-de-France pour respecter la réglementation et émet différentes hypothèses portant sur une baisse des émissions des transports (essentiellement le transport routier) et des activités liées au bâti (essentiellement le chauffage et la construction). Elle distingue 3 territoires : Paris, la Métropole du Grand Paris et le reste de l’Île de France.
Interdire les véhicules roulant au diesel ?
A Paris, respecter la valeur réglementaire pour le dioxyde d’azote nécessiterait une baisse des émissions d’oxydes d’azote liées aux activités de transport de plus de 60% par rapport à 2018. « À titre de comparaison, en plus des mesures déjà prises pour améliorer la qualité de l’air d’ici à 2025, cette baisse serait atteinte en autorisant uniquement à la circulation des véhicules particuliers Crit’Air 0 et 1, et les poids lourds jusqu’au Crit’Air 2 », explique Airparif. Autrement dit, interdire tous les véhicules roulant au diesel (sauf poids lourds au biodiesel)…
La même mesure (baisse des émissions de plus de 60 %) s’appliquerait à la Métropole du Grand Paris. Un autre scénario pour améliorer la qualité de l’air consiste à diminuer dans le même temps de 50% les émissions des activités de transport et de 30% celles des activités liées au bâti.
Atteindre en 2025 des normes pour 2005 !
En ce qui concerne les particules fines (PM10), il faut cumuler une baisse de 10% des émissions du bâti à une réduction de 10% des émissions des activités de transport. « Les seules mesures déjà initiées en Île-de-France devraient suffire à atteindre cet objectif d’ici 2025 et à passer sous la valeur réglementaire ». Valeur réglementaire qui aurait dû être atteinte… en 2005 !
Une nouvelle étude, prévue pour fin 2022, évaluera l’ampleur des baisses nécessaires au respect des nouvelles recommandations de l’organisation mondiale de la santé (OMS) pour la qualité de l’air. Or celles-ci sont plus sévères que les actuelles valeurs réglementaires européennes. Elle comportera notamment un focus sur les particules fines PM2.5 dont les niveaux respirés en Île-de-France dépassent largement les recommandations de l’OMS, mais respectent les valeurs réglementaires européennes actuelles.
Source : Airparif