Les chercheurs de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) viennent de publier les résultats d’une étude qui tend à démontrer que le coût élevé des biocarburants peut être réduit en valorisant les déchets végétaux et en les transformant par exemple en composés chimiques de haute valeur. Celle-ci se concentre sur une source précise de biomasse : les résidus provenant de la fabrication de la fabrication de l’huile de palme au Brésil.
Les résultats de cette étude, publiée dans le journal Industrial Crops and Products démontrent en effet qu’une source spécifique de biomasse telle que les résidus agricoles de la fabrication d’huile de palme pouvait servir non seulement à développer du bioéthanol, mais en même temps deux autres produits supplémentaires : du furfural, composé très utilisé dans le monde industriel, et de la lignite, combustible solide qui pourrait alimenter des « bioraffineries. »
Les fruits du palmier, qui poussent en grappe, sont récoltés puis pressés pour en extraire l’huile de palme. Les résidus fibreux sont généralement jetés alors que, comme l’expliquent Edgard Gnansounou et Jegannathan Kenthorai Raman, du Groupe de recherche sur les bioénergies et la planification énergétique de l’EPFL, « on peut en faire au moins trente composés chimiques différents. » Dans cette étude, le travail des chercheurs a consisté à déterminer la composition des résidus et à optimiser le processus chimique destiné à leur transformation. « Utiliser ces déchets pour faire uniquement du bioéthanol revient bien trop cher pour faire réellement concurrence aux carburants fossiles » expliquent-ils. « Or, on peut retirer un profit et baisser le prix du biocarburant en adoptant le concept des bioraffineries pour produire des composés supplémentaires tels que le furfural, qui a de nombreuses applications dans l’industrie chimique. Il est notamment utilisé pour la fabrication de fongicides, d’adhésifs spéciaux, de saveurs ou de solvants. »
Ces bioraffineries n’existent pas encore ailleurs que sur du papier, mais une fois concrétisées, elles pourront transformer et valoriser une grande partie des résidus agricoles (enveloppes de riz, tiges et feuilles de maïs, paille de blé et tous les déchets verts issus des tailles de forêts ou de jardins), qui ont une structure commune : « une alternance de longues et de plus courtes chaînes de polymères de sucre (cellulose et hémicellulose) contenant de la lignine dure et difficile à digérer. C’est pourquoi ils peuvent être traités de manière similaire. »
Actuellement la matière première utilisée pour la fabrication des biocarburants suscite des controverses en raison de sa compétition potentielle avec les cultures alimentaires. Mais si la deuxième génération recourt uniquement à la biomasse issue des récoltes non-arables ou des déchets agricoles destinés à être incinérés, le problème disparaît. Selon les chercheurs, « les bioraffineries à vocation commerciale ont énormément d’avenir. » Et ajoute Jegannathan Kenthorai Raman « En tant que fils de fermier, je suis enthousiasmé par l’idée que l’on puisse ajouter de la valeur à ce que les agriculteurs possèdent en grande quantité: les déchets de plantes. »
Source : EPFL