L’IPSOS a réalisé pour EDF une étude d’ampleur pour présenter un état des lieux de la perception du changement climatique dans le monde, ainsi que des niveaux d’engagement des citoyens. L’Obs’COP 2019 (Observatoire international Climat et Opinions Publiques) interroge environ 24 000 personnes dans 30 pays, et constate que le changement climatique, ainsi que l’environnement en général, éveille une forte préoccupation des populations.
La troisième place des défis environnementaux
Le changement climatique ne prend cependant pas la première place des préoccupations au niveau global. Les problèmes environnementaux qui inquiètent le plus les citoyens du monde se composent de l’accumulation des déchets (plastiques et emballages), qui arrive au premier rang (52 %), la pollution de l’air (45 %), et le changement climatique à proprement parler suit avec 40 %. Cependant les phénomènes climatiques extrêmes (inondations, sécheresses, cyclones…) sont également fréquemment cités (au Japon, en Australie, en Espagne…).
Bien que l’environnement ne soit pas le domaine pour lequel la situation est jugée la plus mauvaise, 54 % des répondants l’estiment dégradé. Dans 20 pays sur les 30 interrogés, les perceptions de la situation de l’environnement sont majoritairement négatives. Parmi les pays où elle est jugée la plus critique, on trouve les états d’Amérique Latine et centrale. A l’inverse, certains en ont une perception « moins mauvaise » comme Singapour, la Norvège ou l’Arabie Saoudite.
Seule cependant la Suède place le changement climatique en première position des défis environnementaux. Mais de nombreux pays, notamment européens, le place en seconde position. Il en est ainsi pour la Royaume-Uni, Singapour, le Canada, l’Espagne, l’Allemagne et la Norvège.
En fait, des disparités fortes apparaissent en fonction des pays et de leur situation sur certains enjeux environnementaux précis. Ainsi, pour la Chine et l’Inde, la pollution de l’air est jugée la plus préoccupante, la déforestation au Brésil et en Russie, la pollution de l’eau en Egypte ou au Mexique, la désertification au Chili.
Une réalité du changement climatique incontestée
En ce qui concerne la perception du changement climatique à proprement parler, nul n’en conteste la réalité dans les pays interrogés. Mais des doutes subsistent sur son origine. Ainsi, 23 % des citoyens du monde doutent de son origine humaine, voire même de sa réalité. Soit ils pensent qu’il s’agit d’un phénomène naturel, soit ils estiment qu’on ne peut pas savoir (cette catégorie atteint même 46 % en Arabie Saoudite). Cependant, 69 % des répondants au niveau global ne mettent plus en doute son origine anthropique.
La perception des conséquences du changement climatique se révèlent multiples et de différentes natures. Dans la majorité des pays, elle s’incarne dans les évènements visuels frappants et rapides, tels que les catastrophes climatiques extrêmes (tempêtes, canicules, cyclones, incendies…). Viennent ensuite la désertification et la pollution de l’air et des sols. Le recul de la biodiversité, l’appauvrissement en sources de nourriture, les migrations de population, événements plus graduels et progressifs sont moins appréhendés.
Une courte majorité seulement (53 %) estime que le changement climatique aura des conséquences uniquement négatives dans son pays. Les autres pensent qu’il peut avoir des conséquences négatives et positives dans leur région. Cependant les trois-quarts de habitants des 30 pays ont une perception du changement climatique plus inquiétante qu’il y a 5 ans. 37 % se déclarent même beaucoup plus inquiets. En Europe et en Amérique du Nord, les jeunes semblent d’ailleurs beaucoup plus inquiets que leurs aînés.
Enfin, les populations dont l’inquiétude a le plus grandi ces dernières années sont celles d’Amérique du Sud : Colombie, Chili, Brésil, Mexique, par exemple. A l’inverse, les inquiétudes ont moins évolué au Maroc et en Arabie Saoudite, en Chine, en Russie ou en Norvège.