Nous avons déjà évoqué dans ces pages les manières de rendre les éoliennes plus acceptables dans le paysage grâce à la couleur. Pour les personnes déjà, en les transformant en œuvres d’art, plus agréables à regarder que ces pylônes blancs. Pour les chauve-souris aussi, puisque le blanc (qui attire les insectes) a un impact direct sur leur mortalité. Multicolore dans le premier cas, violet dans le second, les possibilités semblaient intéressantes. Deux députés y sont, eux aussi, allés de leur question au gouvernement, proposant par exemple que la base du mât soit peinte en vert et progressivement vers le sommet dans un dégradé de gris-bleu et demandant si une réglementation dans ce sens était possible.
La réponse du Ministère du Développement Durable explique clairement que l’utilisation de couleurs était tout à fait possible, et laissée à l’initiative de l’exploitant :
La question de l’impact paysager des installations de production doit être prise en compte afin d’éviter un mitage visuel du territoire et une dénaturation des paysages. Ces aspects sont examinés avec soin par les services instructeurs, notamment au travers de l’étude d’impact environnemental. Par ailleurs, rien n’empêche aujourd’hui un exploitant de favoriser l’intégration paysagère de son parc éolien en le peignant d’une couleur adéquate si besoin. Cette disposition ne peut toutefois, en l’état actuel des textes, être imposée au travers de la délivrance des autorisations administratives et relève donc de la bonne initiative des exploitants.
Aucun problème donc à suggérer aux exploitants de parcs éoliens de nous mettre tout cela en couleur ? Selon la réponse du Ministère, non… mais réellement, si ! En effet, la personne ayant rédigé la réponse à cette question cruciale a quelque peu oublié un arrêté du 13 novembre 2009 (donc pris par le même gouvernement) relatif à la réalisation du balisage des éoliennes situées en dehors des zones grevées de servitudes aéronautiques, limitant très clairement les couleurs à utiliser au blanc ou éventuellement au gris très très clair. L’arrêté précise ainsi :
2. Couleur des éoliennes
2.1. Généralités
La couleur des éoliennes est définie en termes de quantités colorimétriques et de facteur de luminance.
2.2. Quantités colorimétriques
Les quantités colorimétriques sont limitées au domaine blanc tel que défini dans l’appendice à la présente annexe.
2.3. Facteur de luminance
Le facteur de luminance est supérieur ou égal à 0,4.
2.4. Application
Cette couleur est appliquée uniformément sur l’ensemble des éléments constituant l’éolienne.
Le même arrêté détaille même un peu plus loin les limites de nuances utilisables :
D’un point de vue pratique d’application industrielle, il est possible de se rapprocher des références RAL (de Reichsausschuß für Lieferbedingungen, Institut allemand pour l’assurance qualité et le marquage associé).
Les principales références RAL utilisables par les constructeurs d’éoliennes sont :
- les nuances RAL 9003, 9010, 9016 qui se situent dans le domaine blanc et qui ont un facteur de luminance supérieur ou égal à 0,75 ;
- la nuance RAL 7035 qui se situe dans le domaine blanc et qui a un facteur de luminance supérieur ou égal à 0,5 mais strictement inférieur à 0,75 ;
- la nuance RAL 7038 qui se situe dans le domaine du blanc et qui a un facteur de luminance supérieur ou égal à 0,4 mais strictement inférieur à 0,5.
Le même arrêté souligne par ailleurs que les parcs éoliens ont cinq ans pour se mettre en conformité avec ces dispositions. La réglementation éolienne est-elle lourde à ce point que même le ministère ne s’y retrouve plus ?
Sources : Arnaud Gossement, Légifrance