2015 a été la pire année de l’histoire moderne en matière de dérèglement climatique : tel est le constat alarmant du dernier Rapport annuel sur l’état du climat. Hausses de températures, montées des eaux et record d’émissions de gaz à effet de serre : ce bilan, auquel ont participé 450 scientifiques du monde entier, dresse un sombre tableau de l’état de la planète.
C’est dans le cadre de son mandat consistant à fournir des informations faisant autorité sur le temps, le climat et l’eau, que l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) réalise ces évaluations annuelles sur l’état du climat depuis plus de vingt ans. « L’année 2015 restera à de nombreux égards comme une année historique pour ce qui est du climat mondial. Année record en termes de chaleur, tant au niveau mondial que dans de nombreux pays, elle a vu tomber des records de température établis depuis le début des relevés modernes. Des vagues de chaleur d’une intensité extrême ont frappé différentes régions du monde, entraînant une surmortalité de plusieurs milliers de personnes en Inde et au Pakistan. Des précipitations extrêmes, atteignant un niveau record, ont provoqué des inondations qui ont fait des dizaines de milliers de sinistrés en Amérique du Sud, en Afrique de l’Ouest et en Europe. Le déficit pluviométrique en Afrique australe et au Brésil a exacerbé des sécheresses qui sévissaient déjà depuis plusieurs années. L’influence de l’épisode El Niño intense qui s’est mis en place à la fin de 2015 s’observe dans nombre des phénomènes météorologiques et climatiques de l’année » déclare Petteri Taalas, son secrétaire général.
2015 a été de loin l’année la plus chaude jamais observée : 0,76°C au-dessus de la moyenne calculée pour la période 1961-1990. Ainsi, note le rapport, « la hausse persistante des températures mondiales – due principalement aux émissions de gaz à effet de serre – conjuguée aux effets de la mise en place d’un épisode El Niño, a donné lieu à une chaleur record à l’échelle mondiale. (…) Moyennées à l’échelle mondiale, les températures mesurées au-dessus du sol font de 2015, à égalité avec 2005, 2007 et 2010, l’année la plus chaude jamais enregistrée à la surface des terres émergées. » Non seulement on a dépassé en 2015 le 1° de plus par rapport à l’ère préindustrielle, mais la planète est désormais à mi-chemin de la limite des 2°.
Par ailleurs, le phénomène El Niño a été l’an dernier un des plus fort jamais enregistré. Conjugué aux changements climatiques d’origine anthropique, il propulse les températures mondiales vers de nouveaux sommets. Sous son influence, l’océan Pacifique a connu une anomalie positive de +1°. Mais l’océan Indien et certaines zones de l’Atlantique ont aussi affiché des températures supérieures à la moyenne. Cependant, l’OMM se garde d’en tirer des conclusions définitives : « les données disponibles pour la période climatologique 1961–1990 sont trop peu nombreuses pour estimer de manière fiable l’importance des anomalies actuelles » précise-t-elle. Néanmoins elle ajoute : « En 2015, le contenu thermique de l’océan a atteint des niveaux record à l’échelle du globe, tant jusqu’à 700 m que jusqu’à 2 000 m de profondeur. »
Les phénomènes extrêmes se sont multipliés. Pour les précipitations, des extrêmes pluviométriques ont été enregistrés dans de nombreuses régions aboutissant dans certains cas à des inondations ou à des sécheresses. Il ne faut pas oublier non plus de violents cyclones tropicaux. Enfin, les concentrations de CO2 ont franchi les 400 ppm au printemps boréal.
Source : Déclaration de l’OMM sur l’état du climat mondial en 2015