Dans le cadre de la préparation du 6ème rapport de GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), les chercheurs français viennent de rendre publique leur contribution. Ils ont développé deux nouveaux modèles, plus fiables et plus fins, qui prévoient un réchauffement climatique plus important en 2100 que les versions précédentes : le scénario du pire prévoyant jusqu’à 7° de plus que dans l’ère préindustrielle.
Deux nouveaux modèles en contribution au rapport du GIEC
Les rapports du GIEC, dont le 6ème qui doit paraître en 2021, sont le fruit de conclusions de nombreuses équipes scientifiques travaillant dans le monde sur le climat. Une centaine de chercheurs et d’ingénieurs français, émanant notamment du CNRS (Centre national de recherche scientifique), du CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) et de Météo France, ont ainsi travaillé sur deux modèles, soumis à plusieurs scénarios socio-économiques.
Leurs nouveaux modèles, ainsi d’ailleurs que d’autres modèles étrangers déjà disponibles, simulent un réchauffement climatique plus important à la fin du siècle que les versions précédentes, même dans leurs versions les plus pessimistes. En effet, en 2014, le pire scénario envisageait un réchauffement climatique de 4,8°C par rapport aux temps préindustriels (la référence est la période 1850-1899).
Des scénarios alarmants
« Cela pourrait s’expliquer par une réaction plus forte du climat à l’augmentation des gaz à effet de serre anthropique que dans les simulations de 2012, mais les raisons de cette sensibilité accrue et le degré de confiance à y apporter restent à évaluer » précise le communiqué des chercheurs. Selon le scénario le plus pessimiste, en cas de croissance économique rapide alimentée par les énergies fossiles, le réchauffement climatique atteindrait 6,5 à 7°C en 2100, soit 1°C de plus que les estimations.
« Seul l’un des scénarios socio-économiques (SSP1 1,9 – marqué par une forte coopération internationale et donnant priorité au développement durable), permet de rester sous l’objectif des 2 °C de réchauffement, au prix d’efforts d’atténuation très importants et d’un dépassement temporaire de cet objectif au cours du siècle », ajoute-t-il.
Le réchauffement climatique à l’échelle régionale
Grâce à de nouveaux moyens (résolution spatiale plus fine, modélisation des différents compartiments physiques du système climatique – océan, atmosphère, surfaces continentales, glaces – plus aboutie), les chercheurs progressent parallèlement dans leur description du climat à échelle plus fine sur la France métropolitaine et les outremers. Et les évaluations en cours montrent que les modèles français simulent mieux les caractéristiques observées du climat que les anciennes versions. Plusieurs simulations ont été réalisées sur l’Europe et l’Océan Indien. « À ces échelles, les scientifiques ont notamment réussi à représenter de manière plus réaliste que précédemment des phénomènes comme les vagues de chaleur, les cyclones ou le transport de poussières. »
Concrètement, les chercheurs expliquent dans une conférence de presse, ce que cela signifierait pour les sociétés humaines. En France, les multiplications des vagues de chaleur sont un bon exemple. La canicule de 2003, qui avait tué 15.000 personnes dans l’Hexagone, deviendrait la norme dès les années 2050. Les sècheresses seraient aussi beaucoup plus longues et étendues à partir de 2070 : la Garonne pourrait se retrouver à sec durant quelques mois. Les pratiques agricoles seraient « fortement remises en cause », des feux de forêt se multiplieraient dans des régions où aujourd’hui ils ne sont pas fréquents.
« La température moyenne de la planète à la fin du siècle dépend fortement des politiques climatiques qui seront mises en œuvre dès maintenant et tout au long du XXIe siècle », insistent le CNRS, Météo-France et le CEA dans leur présentation.