Afin d’assurer la sécurité d’approvisionnement électrique, et pallier l’indisponibilité de nombreux réacteurs nucléaires, le gouvernement envisage un décret « modifiant le plafond d’émission de gaz à effet de serre pour les installations de production d’électricité à partir de combustibles fossiles ». Il a mis en consultation publique ce décret permettant de faire fonctionner les centrales à charbon encore en activité beaucoup plus que prévu.

1 000 heures de fonctionnement en 2 mois pour les centrales à charbon
En effet, la loi prévoit un plafond d’émissions annuel de 0,7 kilotonne d’équivalents dioxyde de carbone par mégawatt de puissance électrique installée. Cela correspond à environ 700 heures de fonctionnement annuel pour une centrale thermique utilisant du charbon. Le projet de décret prévoit une dérogation exceptionnelle du respect du seuil annuel pour les deux premiers mois de l’année. « Un nouveau seuil de 1 kilotonne d’équivalents dioxyde de carbone par mégawatt de puissance électrique installée est ainsi instauré pour la période comprise entre le 1e janvier 2022 et le 28 février 2022, correspondant à la pointe de consommation hivernale », précise le projet de décret. Cela correspond à 1 000 heures de fonctionnement, rien qu’en janvier et février.
Jugées trop polluantes, les deux dernières centrales à charbon encore utilisées n’ont plus normalement que quelques mois à vivre. Elles ne devaient d’ailleurs fonctionner que 700 heures en 2022. Mais RTE a dû renforcer son niveau de vigilance pour l’approvisionnement en électricité de l‘hiver, en raison de l’arrêt persistant de réacteurs nucléaires, soit pour des opérations de maintenance, soit pour 4 d’entre eux pour des vérifications de sécurité imprévues. « Cette situation a été aggravée par la mise à l’arrêt non prévue des deux réacteurs de Chooz pour des vérifications liées à la sûreté, ainsi que la prolongation de l’arrêt des deux réacteurs de Civaux pour la même raison », explique le projet de décret.
Une mesure nécessaire pour la sécurité d’approvisionnement
Le nouveau seuil instauré pour les centrales à charbon correspond à la période de pointe de la consommation hivernale électrique en France : la période d’hiver, en raison d’un très grand nombre de logements chauffés à l’électricité. Le texte prévoit toutefois que « le seuil est ensuite abaissé à 0,6 kilotonne d’équivalents dioxyde de carbone par mégawatt de puissance électrique installée pour le reste de l’année 2022 » pour les installations utilisant des combustibles fossiles.
Le gouvernement assure que la fermeture des deux dernières centrales à charbon est toujours prévue sur son agenda. « Cette mesure est nécessaire pour assurer la sécurité d’approvisionnement en électricité au regard des alertes de RTE. Elle est proportionnée puisqu’elle permet donc de redonner des marges de production électrique uniquement sur la période hivernale la plus problématique en janvier et février 2022, tout en gardant l’objectif final d’une mise à l’arrêt définitive des centrales à charbon en France métropolitaine », précise le texte. L’une doit fermer en 2022, l’autre en 2024.
« C’est avant tout une mauvaise nouvelle pour le climat, et ça témoigne du manque d’anticipation qu’on a pu avoir sur les politiques d’économies d’énergie », déplore Zélie Victor, responsable transition énergétique de Réseau action climat.
Sources : Consultations publiques, France-Info