Le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) coordonne un projet qui a débuté en janvier et est particulièrement d’actualité puisqu’il porte sur les nouveaux signaux épidémiques. Comment repenser la veille sanitaire mondiale pour faire face aux maladies émergentes ? Ce projet vise à y répondre et regroupe 25 instituts de recherche en Europe et en Amérique du Nord.
La veille sanitaire, un sujet d’actualité
L’arrivée du COVID-19 impose de repenser nos systèmes de veille sanitaire. C’est ce que font donc ces chercheurs, dans le cadre d’un projet MOOD (MOnitoring Outbreak events for Disease surveillance in data science context), coordonné par le Cirad. Ce programme vise à améliorer les outils et services d’intelligence épidémique, avec aujourd’hui un fort focus sur le COVID-19.
Les maladies émergentes ont pour la plupart une origine animale. Le projet MOOD regroupe donc 25 partenaires – institutions de recherche, agences de santé publique, services vétérinaires – de 12 pays. Ils ont pour charge, à son issue (fin 2023), d’avoir développé de nouveaux outils de veille sanitaire, complémentaires à ceux déjà existants. Ceux-ci seront partagés dans tous les pays.
Mais avec le changement climatique, mobilité animale et humaine, croissance démographique, urbanisation, etc., il existe aujourd’hui un risque accru d’émergence de nouveaux agents pathogènes, et d’accélération de leur propagation au niveau mondial. La rapidité de détection de ces émergences et d’évaluation des risques qu’ils représentent pour la santé publique est cruciale : c’est une question de jours, parfois d’heure.
« Avec l’arrivée du COVID-19, nous mettons les bouchées doubles, tout en tenant le cap du programme initial », souligne Renaud Lancelot du Cirad, coordinateur scientifique de MOOD. La réunion de lancement, qui a été reportée dans l’immédiat étant donné le confinement quasi-généralisé en Europe, se tiendra à Stockholm.
Les systèmes d’intelligence épidémique européens déjà en observation
Mais le projet MOOD a bel et bien commencé. Il est doté de 14 millions d’euros se déroule en quatre étapes :
- Cinq études de cas sur les systèmes d’intelligence épidémique de pays européens aux statuts socio-économiques, géographiques, climatiques et aux modes de surveillance différents ont déjà commencé – l’Espagne, la Finlande, la France, l’Italie et la Serbie sont ciblées ;
- Un travail participatif avec les acteurs de l’intelligence épidémique de ces pays sera ensuite réalisé pour caractériser leurs systèmes, puis évaluer conjointement leurs besoins en termes d’outils et de services en intelligence épidémique ;
- Les outils et services seront développés et mis à disposition de l’ECDC (European Center for Disease Control) et des agences de santé publique partenaires du projet puis diffusés en Europe et au-delà, notamment dans les pays du Sud ;
- Pour finir, les nouveaux outils et services ainsi co-construits seront partagés, à coût raisonnable et si possible en open source.
Les systèmes de veille sanitaire actuels génèrent d’immenses quantités de données à traiter. « Comment détecter précocement des signaux d’émergence parmi toutes ces informations ? Comment les prioriser ? Comment les interpréter ? Comment évaluer le risque de propagation d’un nouveau pathogène ? » C’est à ces questions que le projet ambitionne de répondre en offrant aux plateformes de surveillance existantes un appui méthodologique et pratique.
D’autres types de données y seront incorporées pour mieux évaluer le risque de propagation d’un pathogène tels que le climat, les migrations, l’occupation des sols ou encore la déforestation, etc. Pour la France, outre le Cirad, l’Anses, l’INRAE, l’Inserm, l’Université de Montpellier et le GERDAL (Groupe d’Expérimentation et de Recherche : Développement et Actions Localisées) participent à ce projet.
Source : Cirad