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Rétrofit en France (2) : un marché encore incertain 

Deux ans après l’autorisation du rétrofit en France, celui-ci a du mal à trouver sa clientèle et reste encore une activité très marginale. La filière se fixe pourtant comme objectif d’atteindre d’ici à 2030 un million de véhicules à moteur thermique transformés. Mais qu’en est-il de du marché actuel de la conversion ?

rétrofit

Des freins importants au développement du marché

La filière peine à émerger : une seule voiture est homologuée (la 2CV), vendue à une dizaine d’exemplaires, et deux deux-roues (le solex et le Peugeot 103). L’homologation, qui permet de circuler dans l’espace public, est particulièrement onéreuse. Cependant une fois un véhicule homologué, tous les véhicules de la série reçoivent l’homologation, car « un kit unique doit être conçu et homologué pour chaque type de véhicule », explique l’ADEME. Il s’agit actuellement, outre son coût, d’un des principaux freins au rétrofit.

Autre frein au rétrofit : l’autonomie du véhicule transformé. Elle sera nettement en dessous de ce que proposent les « vraies » voitures électriques. Par ailleurs, le rétrofit ne prolonge pas la durée de vie de la voiture, car les autres éléments du véhicule, comme le châssis, ne sont pas éternels. Et il ne concerne que les véhicules de plus de 5 ans (3 ans pour les deux-roues).

Un avenir dans les véhicules utilitaires coûteux à l’achat

De plus entre un marché des véhicules électriques neufs en forte progression et un marché de l’occasion qui commence à se développer, la voie de passage du rétrofit est étroite. « Face au marché structuré du véhicule électrique neuf et à celui du VE d’occasion qui se consolide, le rétrofit électrique doit trouver des positionnements concurrentiels autour de la perspective d’électrification à coût maîtrisé du parc de véhicules », explique l’ADEME dans une étude parue en mars 2021. Elle estime que le modèle économique de la filière reste incertain.

« Le caractère éphémère de la filière, étroitement lié au retrait progressif des véhicules thermiques, crée une forme d’urgence dans son développement », note l’ADEME. Cependant, si le marché décolle difficilement, il pourrait trouver un débouché auprès des véhicules utilitaires, légers comme lourds. L’étude de l’ADEME a caractérisé une priorité sur les véhicules lourds, dont les autobus, puis les citadines. C’est d’ailleurs vers le marché du véhicules utilitaires que se tournent plutôt les jeunes entreprises spécialisées dans le rétrofit.

Ainsi, Phoenix Mobility, entreprise grenobloise, s’est spécialisée depuis 2018 dans la transformation de véhicules utilitaires particulièrement couteux à l’achat. Elle déploie actuellement un réseau de garagistes agréés à l’installation de ses plateformes d’électrification partout en France. Elle ambitionne de convertir 2 500 véhicules en 2023. « Avec 6 millions de VUL en circulation en France dont 98% de diesel, on est encore loin des objectifs en termes de transition énergétique des flottes. Pourtant, les interdictions de circuler se multiplient » précise l’entreprise qui voit là l’occasion de développer ce marché.

Sources : ADEME, AIRe, Auto-Infos, Beev, Challenges

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