A un moment où l’approche de la COP21 mobilise les différents acteurs de l’énergie, Greenpeace vient ajouter sa pierre à l’ouvrage en publiant un scénario de transition énergétique vers les énergies renouvelables, qui indique la voie à suivre dès aujourd’hui pour maintenir l’augmentation de la température en-dessous de la limite de 1,5° à 2° C.
Pour parvenir à cet objectif, les émissions de carbone ne doivent pas dépasser désormais 1 000 gigatonnes, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Or, au rythme actuel, notre « budget carbone » sera épuisé d’ici 2040. Le scénario de [R]évolution énergétique de Greenpeace propose une feuille de route pour une transition vers des énergies 100 % renouvelables et montre comment cette évolution augmente la création d’emplois dans le secteur énergétique. L’association rappelle qu’elle mène des recherches depuis 2005 sur le sujet et que, d’ailleurs, ses prévisions sur la croissance et le potentiel du marché des énergies renouvelables, qui semblaient « irréalistes » à certains se sont révélées justes : « Le scénario établi par Greenpeace, loin d’être irréaliste, s’est avéré plus juste que ceux de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), de Goldman Sachs, ou du ministère américain de l’Énergie. »
Dans sa publication, après avoir passé en revue la situation actuelle, Greenpeace présente donc le scénario qui permet de maintenir les émissions en dessous du seuil du GIEC : « L’approvisionnement énergétique connaît actuellement une évolution dynamique – mais cette évolution doit être accélérée. Ce scénario [R]évolution énergétique propose une feuille de route pour une transition vers des sources d’énergie 100 % renouvelables, permettant ainsi de mettre fin aux émissions de CO2 , d’éliminer progressivement l’énergie nucléaire, et de rendre inutile toute nouvelle exploitation pétrolière en Arctique et dans les eaux profondes, telle que celle qui a lieu au large du Brésil. Ce scénario montre également qu’une telle transformation augmente la création d’emplois dans le secteur énergétique » et ajoute « Toujours dans l’hypothèse de la [R]évolution énergétique, d’ici à 2030, les émissions mondiales de CO2 retrouveront leur niveau de 1990. Une décennie plus tard, une réduction de 60 % additionnelle est réalisable. Entre 2012 et 2050, les émissions de CO2 atteindront 667 gigatonnes – soit un niveau bien inférieur au plafond de 1000 gigatonnes établi par le GIEC. La transition vers les sources d’énergie 100 % renouvelables est donc un enjeu essentiel pour la survie de l’humanité. »
Le scénario reprend ensuite les secteurs fortement consommateurs d’énergie en proposant des étapes nécessaires pour chacun : les transports (il faut accélérer la transition vers l’électrification des transports), l’industrie de l’énergie (établir de nouveaux mécanismes politiques et de nouvelles structures réglementaires), le chauffage (soutenir le développement du chauffage renouvelable). Il détaille ensuite l’impact sur les emplois dans le secteur de l’énergie – qui pourraient croître jusqu’à atteindre plus de 48 millions à l’horizon 2030. Mais le secteur des renouvelables a besoin de prévisibilité pour attirer les investissements, augmenter sa capacité de production, développer de nouvelles technologies et augmenter enfin le nombre d’emplois durables. « D’ici à 2030, le secteur de l’énergie solaire à lui seul pourrait offrir le même nombre d’emplois que celui de l’industrie du charbon aujourd’hui (plus de 9,5 millions). Un élan en faveur d’une transition juste et équitable est indispensable afin que personne ne soit mis à l’écart. »
Ceci ne va pas sans un certain nombre de prérequis que Greenpeace récapitule, car un accord sur le climat doit inclure des plans d’action solides à court terme et fixer un objectif clair à long terme, et comprendre les éléments suivants :
- Un objectif ambitieux à long terme, permettant l’élimination progressive des énergies fossiles et du nucléaire d’ici à 2050 grâce à une transition équitable vers des énergies 100 % renouvelables, mais aussi la protection et la restauration des forêts ;
- La mise en place de cycles d’engagement de cinq ans pour les États, à partir de 2020, afin de les encourager à renforcer leurs actions et éviter les régressions ;
- Un accord juridiquement contraignant, prévoyant des règles de comptabilité communes pour l’atténuation et le financement et incitant les dirigeants à agir avec détermination ;
- Une réorientation des subventions aux énergies fossiles d’ici à 2020 ;
- Un engagement fort pour les mécanismes d’adaptation, de financement et de pertes et dommages, et 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour la [R]évolution énergétique et l’adaptation ;
- Des dispositions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre avant 2020, afin de contenir la hausse des températures mondiales entre 1,5 et 2°C.
Source : Greenpeace