RTE (Réseau de Transport d’Electricité) vient de publier un nouveau bilan prévisionnel de l’équilibre offre/demande de l’électricité en France. A partir de données fournies par les acteurs du marché, les analystes du système électrique français étudient les évolutions actuelles et établissent des prévisions de consommation, qui sont ensuite confrontées aux perspectives connues des moyens de production. Ils évaluent ensuite à moyen terme (2013/2016) et à long terme (2020/2030) les besoins en nouvelles capacités de production.
Cela leur a permis de dégager dans le bilan 2011 cinq scénarios possibles :
- un scénario de référence : avec une prolongation des orientations énergétiques actuelles sans changements majeurs,
- un scénario « consommation haute », dans lequel la consommation d’électricité est tirée à la hausse par une démographie plus élevée et une maîtrise de la demande moins soutenue,
- un scénario « consommation basse » : il cumule avec la maîtrise de la consommation renforcée, les effets d’une croissance économique plus faible et d’une démographie basse,
- un scénario « EnR haut » : qui envisage un développement plus soutenu des énergies renouvelables (EnR),
- un scénario de décroissance du nucléaire : à la demande du Ministre en charge de l’énergie, il envisage un changement profond du mix énergétique français en 2030 alliant érosion de la capacité nucléaire, plus forte maîtrise de la demande, développement plus important des EnR et des interconnexions.
Dans le cas du scénario de référence, le communiqué de presse du rapport précise :
Dans le scénario de référence, la consommation croît en moyenne de 1,1% d’ici à 2015 puis 0,6% par an d’ici à 2030. Cette inflexion autour de 2015 est due à l’impact grandissant des mesures d’efficacité énergétique (éclairage, isolation, moteur) et ce malgré le développement d’usages de l’électricité : chauffage électrique (par convecteurs puis par pompes à chaleur, tous deux thermo sensibles), multimédia, cuisson et transport électrique. La consommation serait ainsi de 494 TWh en 2013, 523 en 2020 et 554 en 2030. Les puissances de pointe lors de vagues de froid poursuivent une croissance soutenue à moyen terme avec plus de 101 GW à la pointe décennale en 2013, 107 en 2020 et 113 en 2030, hors effacement.
RTE prévoit ainsi certaines difficultés possibles dès 2016 :
La sécurité d’approvisionnement de la France continentale devrait être assurée jusqu’à 2015. Dès 2016, le risque de défaillance dépasse le seuil acceptable et un fort besoin de capacité de production ou d’effacement apparaît.
La crise économique a entraîné un ralentissement de la demande, mais cet effet devrait s’estomper à partir de 2015, et on devrait enregistrer en 2016 un manque de capacité de production de l’ordre de 3 GW.
Dominique Maillard, président du directoire de RTE, présente ainsi, dans un entretien récent avec le journal Les Echos, le scénario de décroissance du nucléaire envisagé :
Nous avons examiné une hypothèse d’érosion du parc nucléaire, en retenant à l’horizon 2030, comme cas d’école, une capacité de 40 gigawatts (GW), contre 65 actuellement. Ce scénario pourrait correspondre à une durée d’exploitation des centrales actuelles de quarante ans, avec le remplacement ou la prolongation d’une tranche sur deux. Soit une part de l’atome légèrement supérieure à 50 % dans le mix énergétique.
Une solution qu’il juge techniquement possible mais sous certaines conditions cependant qui passent par des efforts de maîtrise de la demande d’énergie, avec des aides pour le bâtiment, mais aussi par une augmentation à 40 GW de la capacité éolienne et à 25 GW de la capacité photovoltaïque. Et ce n’est pas suffisant puisqu’il faut encore y ajouter deux autres conditions, selon lui :
Troisième condition : la création de 10 GW supplémentaires de capacités de pointe ou d’effacement. Enfin, la quatrième condition concerne le développement et le renforcement des réseaux de transport, en France et à nos frontières.
Le rapport ajoute toutefois un bémol à cette possibilité : elle ne pourrait se mettre en œuvre sans une augmentation importante des émissions de CO2. Si dans le scénario de référence, elles sont estimées à 15,7 Mt, elles passent dans le scénario de décroissance du nucléaire à 23,1 Mt.
Sources : RTE, Les Echos, Actu-environnement, Batiactu