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Scénario négaWatt 2011 : une politique volontariste de sobriété et d’efficacité énergétique

schema negaWattJeudi 29 septembre 2011, l’association négaWatt a présenté son scénario de transition énergétique 2011 devant près de 600 personnes et 55 journalistes attentifs.

C’est une politique très volontariste de sobriété et d’efficacité énergétique qui a été dévoilée. Elle permettrait de baisser d’ici à 2050 la demande d’énergie primaire de 65% par rapport à 2010 grâce à une forte baisse des consommations d’énergie, le développement massif des énergies renouvelables et l’abandon progressif du nucléaire.

Partant d’un constat d’urgence climatique et des risques du nucléaire, les « experts » de l’énergie de l’association proposent un scénario soutenable et réaliste à destination des entités du monde de l’énergie, du gouvernement et des candidats aux élections présidentielles.

L’objectif est de prouver la faisabilité technique d’un modèle énergétique alternatif en partant d’une analyse des besoins en énergie (notre consommation) revus selon des principes de sobriété et d’efficacité, et y répondre grâce à des sources de productions soutenables.

Des gains de moitié à deux tiers sur les usages de l’énergie

La consommation a été analysée en 4 secteurs :

  • Le bâtiment résidentiel et tertiaire. Il représente un enjeu énergétique essentiel car il consomme environ 45% de l’énergie finale. NégaWatt propose donc une rénovation massive et systématique de tous les logements anciens du parc français. Un des objectifs est d’atteindre les critères des bâtiments à basse consommation pour tout logement neuf ou ancien. La sobriété et l’efficacité  de leurs consommations ainsi que leurs équipements massif en énergies renouvelables (94% en 2050) divisera par deux la consommation de ce secteur.
  • Le transport est le deuxième secteur le plus consommateur d’énergie. Un changement radical des comportements est présenté. Le scénario propose notamment l’élimination des vols aériens intérieurs remplacés par le rail et l’élimination des véhicules à essence.
  • L’industrie subira également une forte mutation en adaptant sa production à la demande du marché domestique et limitant les importations. Une augmentation du taux de recyclage à 80%, ainsi qu’une récupération systématique de la chaleur des processus industriels sont également prévues pour 2050.
  •  Pour l’agriculture qui relie, comme l’industrie, la consommation et production, négaWatt se base sur le scénario Afterres 2050 qui adhère aux mêmes principes de sobriété et d’efficacité et se centre sur une évolution du régime alimentaire de chacun pour 2050.

Recours massif aux énergies renouvelables et l’abandon du nucléaire

Afin de prouver la faisabilité technique du scénario, les experts se sont basés uniquement sur des technologies éprouvées et ne tiennent pas compte des évolutions technologiques. Gilles Le Blanc, économiste et journaliste pour rue89, y voit :

une démarche inappropriée à une lecture prospective dans laquelle à l’horizon de quarante ans les innovations, irréversibilités, ruptures vont logiquement jouer un rôle important dans les trajectoires effectivement poursuivies (rappelons nous juste ce qu’était le monde et notre pays en 1971).

Toutefois il y précise que le document fournit aux économistes et aux politiques

une matière très riche pour prolonger l’analyse ou étayer leurs choix de priorités et d’orientation des politiques publiques.

Le scénario négaWatt base le mix énergétique sur les points clés suivants :

  • un besoin en énergie (en 2050) de 50% inférieur à celui de 2010,
  • un recours massif aux énergies renouvelables qui  représenteront 91% du mix en 2050 notamment grâce à un rôle majeur de la biomasse,
  • un abandon progressif et maîtrisé du nucléaire en 22 ans en s’adaptant à la diminution des consommations d’énergie,
  • un recours marginal aux énergies fossiles, limitées aux besoins industriels spécifiques,
  • la coordination des réseaux de gaz, d’électricité et de chaleur afin d’assurer l’équilibre entre la production et la demande d’énergie.

 Le scénario est compatible avec les enjeux de 2050

Il propose en 2030 des émissions de CO2 divisées par 2 par rapport à leur niveau de 2010. Cette baisse s’élève à un facteur 16 en 2050. Le cumul des émissions de CO2 de la France entre 2011 et 2050 est également cohérent – en rapport avec son poids démographique – avec la démarche de limitation de la hausse de 2°C des températures sur le globe en 2100.

Coût et bilan de la transition énergétique

Le bilan est réalisé sur le scénario négaWatt de l’année 2006. Le partie a été pris de ne pas faire d’analyse sur le coût ni le PIB. Ces indicateurs sont jugés mauvais et non représentatifs du bien-être.

C’est « l’effet net » sur l’emploi qui a été étudié, c’est-à-dire les emplois (directs et indirects) créés, ceux détruits et l’effet induit. Ainsi le bilan économique est positif grâce à la création de 684.000 emplois durables. négaWatt précise également que la transition énergétique, en donnant aux territoires français la gestion de leurs moyens de production d’énergie, inclura ces acteurs locaux dans le paysage énergétique national faisant avancer la France vers l’autonomie et la démocratie énergétique.

Enfin, bien que le scénario s’appuie sur des technologies existantes et éprouvées, il trouve sa limite dans l’absence de prise en compte des aspects sociaux et culturels tels que l’acceptation par le grand public du changement de leurs habitudes de consommation.

Sources : Conférence négawatt, document de présentation du scenario, rue89

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