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Se décidera-t-on à réutiliser l’eau recyclée ?

En Californie, après 4 années de sécheresse et une situation qui devient catastrophique, l’idée de réutiliser, voire même de boire, l’eau purifiée des sanitaires ou des machines à laver commence à faire son chemin, sondage après sondage : la « barrière psychologique » ou « facteur beurk » s’effrite petit à petit.

recyclage eaux grises
Le recyclage des eaux grises consiste à récupérer les eaux usées des lavabos et douches d’un bâtiment, à les traiter, puis à les réutiliser pour alimenter : les points d’arrosage, les WC, les stations de lavage des véhicules ou les lave-linges.
Source : Groupe Balas

En France, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) s’est penchée sur la question au printemps 2015 et a donné son avis (mitigé) sur les risques sanitaires de la réutilisation après traitement des eaux provenant des douches, baignoires, lavabos ou lave-linge.

Aux Etats-Unis, et plus précisément en Californie, une usine géante de purification des eaux usées est en projet – elle alimenterait Los Angeles – et une usine test fonctionne déjà, dirigée par Denis Bilodeau qui affirme : « Techniquement, on sait faire. J’en bois tout le temps. Notre eau est si pure. L’eau que l’on fabrique est plus propre que celle du robinet. Mais les consommateurs ne pas prêts. Ils préfèrent même payer plus. Ils préfèrent qu’on leur achète de l’eau importée de très loin plutôt que de boire de l’eau recyclée. Mais ça va changer avec la réalité de la sécheresse que nous vivons ici en Californie. » Mais actuellement encore, l’eau potable de son installation est rejetée dans les nappes phréatiques.

En France, les eaux traitées, en sortie de station d’épuration, retournent vers les cours d’eau ou la mer et non dans les nappes phréatiques, ce qui est interdit. Par contre l’utilisation des eaux usées purifiées est autorisée depuis 2010 pour l’irrigation des cultures. Sera-t-il possible un jour de le faire dans l’industrie, également très gourmande en eau ? Et au niveau des particuliers ?

Plusieurs projets ont vu le jour, malgré un avis de l’Anses très réservé : « Une évaluation des risques sanitaires liés à [la] pratique [de l’utilisation domestique des eaux grises traitées] et applicable à toutes les situations ne peut pas être conduite de manière robuste. Chaque projet de réutilisation des eaux grises constitue un cas particulier, ce qui justifie un encadrement réglementaire à l’échelon national s’appuyant sur une démarche systématique d’analyse des risques. » L’Agence estime en effet que beaucoup de paramètres variables sont à prendre en considération : la qualité des eaux grises  à traiter, l’état de santé des occupants, les comportements, les filières de traitement, les modalités de l’exploitation des ouvrages, etc. Certains projets se réaliseront en 2016, l’un est en cours en Moselle depuis 2012 : un hôtel de 72 chambres réutilise après traitement l’eau des douches pour l’alimentation des chasses d’eau. Un autre a été abandonné à Annecy : il concernait un immeuble d’habitation, mais a été jugé après quelque temps non-rentable par l’exploitant.

L’Agence, dans son analyse, recommande d’éviter les eaux en provenance des cuisines  en raison de leur charge en matières organiques et particulaires (graisses notamment). Celles issues d’autres sources peuvent toutefois être envisagées, sous condition, pour l’alimentation de la chasse d’eau des toilettes, le lavage des surfaces extérieures et l’arrosage des espaces verts. Pas pour le lavage du linge, ni celui du sol intérieur d’un bâtiment en raison de l’installation nécessaire d’un point de puisage (robinet) qui pourrait être source de confusion.

La gestion d’un réseau supplémentaire nécessaire à la distribution représente, selon l’Anses, l’une des problématiques majeures : « Les retours d’expérience montrent que la séparation totale de réseaux ne peut être assurée à long terme et/ou à grande échelle dès lors qu’un double réseau existe, note l’agence. Les risques sanitaires liés à une connexion entre les réseaux d’EDCH et d’EGT constituent un point critique difficile à maîtriser. » L’Agence conclut : « Cette pratique doit donc être bien encadrée sur le plan réglementaire pour réduire autant que possible ces risques sanitaires, pointe l’Anses. Une analyse «bénéfices/risques» et une étude de la faisabilité technique et économique devraient précéder toute décision de réutiliser les EG pour s’assurer que le bilan global de l’opération sur le plan sanitaire et environnemental reste positif voire neutre. »

Sources : Actu-environnement, RTL

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