RTE (Réseau de Transport d’Electricité) nous a mis en garde cet automne sur quelques semaines cet hiver peut-être dures à passer pour le réseau électrique français, si une vague de froid venait à survenir. France Stratégie vient de sortir une note d’analyse intitulée Quelle sécurité d’approvisionnement électrique en Europe à l’horizon 2030 ? qui nous explique que cette question risque de devenir bien concrète dans la décennie à venir, en raison des arrêts de centrales pilotables, au charbon ou nucléaires, prévus.

Energies renouvelables, des objectifs ambitieux
En effet, des objectifs très ambitieux de développement des énergies renouvelables ont été décidés. Mais les solutions de pilotage, de maîtrise de la demande, de capacités de stockage et généralement de flexibilité et d’intégration au réseau ne sont actuellement pas suffisamment développées. Parallèlement, « dans la décennie à venir, de nombreuses mises à l’arrêt de centrales pilotables (essentiellement au charbon ou nucléaires) sont programmées en Europe ». Ce qui rend incertaine la capacité à assurer la sécurité d’approvisionnement telle qu’elle est définie aujourd’hui, en cas de froid intense.
« Les systèmes électriques européens étant interconnectés, c’est à cette échelle qu’il faut s’intéresser au dimensionnement des capacités de production, qui constitue un des déterminants de la sécurité d’approvisionnement », précise la note d’analyse. Celle-ci dresse le bilan des politiques et objectifs des principaux États membres. Elle offre ensuite une étude détaillée de l’évolution prévisible du mix électrique européen et des conséquences possibles au regard de nos objectifs climatiques ainsi qu’énergétiques.
Des inquiétudes sur la sécurité d’approvisionnement…
Cette étude constate les limites de la coordination politique existant entre les pays européens sur ces questions. Les mesures préconisées par le nouveau paquet législatif européen constituent un progrès en ce sens. Mais elles sont insuffisantes pour fournir les signaux économiques nécessaires au déclenchement des investissements.
La crise sanitaire et économique découlant de la pandémie de Covid-19 a déjà mis en avant les difficultés et les inquiétudes des acteurs de la filière électrique sur la sécurité d’approvisionnement électrique. « Cette réflexion est d’autant plus nécessaire que l’électricité devrait satisfaire une part croissante des besoins en énergie. En France, les stratégies énergétiques et climatiques adoptées au printemps 2020 consacrent le rôle de l’électricité. Représentant près de 25 % de la demande finale aujourd’hui, elle devrait en satisfaire 54 % en 2050. L’Union européenne affiche pour sa part un objectif de 50 % », souligne l’analyse.
… sans développement de moyens d’équilibrage
Selon France Stratégie, l’essor des énergies renouvelables intermittentes doit se faire au rythme du développement de moyens d’équilibrage du système électrique. Car si pour l’ensemble des sept pays étudiés, aucun moyen pilotable autre que ceux déjà prévus n’est ajouté au réseau pendant cette période, les marges de réserve fondent. Et ce même si les objectifs de développement d’énergie renouvelable sont respectés. L’Espagne, l’Italie et la Suisse conservent des marges positives sur toute la période. Cependant, la France, l’Allemagne, la Belgique et le Royaume-Uni deviennent déficitaires dès avant 2025 pour certains.
L’analyse de France Stratégie se termine par une série de recommandations pour garantir la sécurité d’approvisionnement électrique, dont des mécanismes plus robustes de soutien aux énergies décarbonées et la mise au premier plan l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Et surtout, une coordination est indispensable entre les gouvernements européens.
Source : France Stratégie