Dans le dernier dossier du site Smartgrids-cre, le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) fait le point sur l’état des travaux de recherche et de développement sur le stockage. Le rôle que celui-ci jouera dans la flexibilité des systèmes électriques reste encore peu évident. Mais d’abord, dans quel cas se révèlera-t-il nécessaire ? Et sous quelle forme ?
1- le point sur les besoins
En Europe actuellement et dans les grands systèmes électriques, à moyen terme, les conditions ne nécessitent pas, au vu de ses coûts, la mise en place de moyens de stockage pour intégrer les énergies de source renouvelable. Le stockage entre en concurrence avec d’autres systèmes (modulation de consommation, modulation de production, etc.). Si l’énergie photovoltaïque arrivait à un taux de pénétration beaucoup plus important (de l’ordre de 30 %), le besoin, à l’échelle infra-journalière, pourrait s’en faire sentir, mais quantifier ses besoins en volume se révèle difficile.
Mais les exigences en matière de services système devraient croître et le stockage peut fortement y contribuer. Le marché potentiel reste cependant limité. « Au regard de ce segment de marché pour les applications stationnaires, il apparaît judicieux de proposer des technologies de puissance moyenne présentant une cyclabilité assez forte (de 1 à 2 cycles/jour), en lien avec le besoin de services système à court et moyen-terme. »
Dans les systèmes électriques non-interconnectés, ou les petits systèmes où la pénétration des énergies renouvelables est importante (ainsi que leurs aléas), le besoin de stockage se fait sentir dès que le taux de pénétration dès que le taux de pénétration atteint les 20 % à 30 % en puissance instantanée. Et il augmente en même temps que ce taux.
Et moins le stockage sera cher, plus il sera utilisé dans le cadre de report d’énergie. « Au regard de ce segment de marché pour les applications stationnaires, il apparaît judicieux de proposer à court terme des technologies à forte cyclabilité, longue durée de vie et forte puissance. En revanche, il est probable que le profil applicatif à moyen et long terme soit d’avantage orienté vers une technologie typé énergie plus proche de celle des véhicules électriques. »
Au vu de ses coûts actuels, à court et à moyen terme, il n’est cependant pas envisageable que le stockage remplace de manière massive les infrastructures du réseau électrique, le coût de celles-ci étant largement en-deçà de celui du stockage. Mais dans certaines conditions, où le coût des infrastructures s’avère extrêmement onéreux, il pourra être mis en place dans une version multi-services. « À long-terme et si les coûts du stockage subissent une chute massive de prix (d’au moins un ordre de grandeur), on pourrait imaginer des topologies de réseau électrique en rupture et un marché du stockage en volume de l’ordre de grandeur de celui de la production d’énergie. »
Le marché de l’autoconsommation de l’énergie solaire à proximité immédiate du bâtiment ou du micro-réseau représente le marché le plus important pour le stockage stationnaire à moyen terme. Cette application a vocation à améliorer l’intégration système et réseau de l’énergie solaire. Mais qu’en est-il de la viabilité technico-économique de cette application à long terme ? cela reste une incertitude. « Ce segment nécessite un stockage pour du report infra-journalier avec un stockage de 1 à 4 heures, un régime de l’ordre de la moitié de la consommation journalière et de 0,5 à 1 cycle par jour. C’est une application plus proche du cahier des charges des batteries des véhicules électriques. »
Source : Smartgrids-CRE