A l’occasion de la Journée Mondiale sans tabac, créée il y a plus de 20 ans par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui a lieu chaque année le 31 mai, il est bon de s’interroger sur tous les ravages provoqués par le tabac, sur la santé publique, bien entendu et c’est l’aspect le plus connu, mais aussi sur l’environnement et le changement climatique, d’une part en raison de la déforestation à laquelle il participe, et d’autre part pour les déchets contenant de nombreux produits chimiques qu’il génère.
Pour l’OMS, cette journée du 31 mai est destinée à faire reculer le tabagisme dans le monde et à sensibiliser l’opinion à ses ravages. Le thème choisi cette année mettait directement en accusation non pas les fumeurs, mais l’industrie du tabac elle-même : il s’agissait de « l’interférence de l’industrie du tabac. » Pour l’OMS, il s’agissait cette année de mettre l’accent « sur la nécessité de dénoncer et de contrecarrer les agissements éhontés de l’industrie du tabac (…) en raison de la sérieuse menace que ses membres font peser sur la santé publique. » Le tabagisme tue actuellement plus de 6 millions de personnes par an, dont environ 600 000 fumeurs passifs. Mais au-delà de ce problème – bien réel – de santé publique, il est aussi instructif de s’intéresser à un autre méfait du tabac : sa participation à « une crise écologique dans certains pays. »
Il s’agit d’abord de la déforestation. Dans beaucoup de pays émergents en effet, le bois sert de combustible pour sécher les feuilles de tabac, et est utilisé pour la construction de séchoir à l’air naturel. L’OMS estime que 200 000 hectares de forêts et de terrains boisés sont coupés chaque année à cause de la culture du tabac. Pour le séchage, par exemple, dans la partie septentrionale de l’Afrique, plus de 1 400 km² de terrains boisés disparaissent chaque année pour servir de combustible au séchage du tabac, ce qui représente 12 % de la déforestation annuelle de la région (sans compter les autres utilisations du bois liées au tabac). 600 millions d’arbres environ disparaissent ainsi pour le tabac, dont les terres plantées sont de plus régulièrement gagnées sur la forêt. Mais le brûlage de ce bois n’est pas neutre non plus pour les émissions de gaz à effet de serre, comme le prouvent les incendies de forêts (dont beaucoup d’ailleurs sont dus à une cigarette mal éteinte).
La fumée de cigarette elle-même contient à la fois du dioxyde de carbone et du méthane. La Fondation de recherche de la Florida State University (États-Unis) évalue que la consommation actuelle de tabac serait à l’origine de 2,6 millions de tonnes de CO2 rejetées ans l’atmosphère et de 5,6 millions de tonnes de méthane, gaz dont le pouvoir de réchauffement est autrement plus puissant.
Sans parler des milliards de mégots, dont la plupart ne sont absolument pas biodégradables, qui viennent encore alourdir les méfaits du tabac sur l’environnement. Selon l’ONG Ocean Conservancy, plus de 4,5 milliards d’entre eux se retrouvent déjà dans les océans du globe, et d’autres, innombrables, dans la nature. Et les produits chimiques qu’ils contiennent ne sont certainement pas sans conséquences sur les écosystèmes.
On comprend pourquoi l’OMS demande aux pays, dans l’année qui suit cette journée, de « cibler surtout leurs efforts de lutte contre l’épidémie mondiale de tabagisme sur les moyens de combattre l’ingérence de l’industrie du tabac. » Une journée pas inutile d’ailleurs, puisque selon les enquêteurs du programme d’informatique du Centre hospitalier pour enfants de Boston et de l’école de santé publique Johns Hopkins Bloomberg, elle a un impact significatif : ce jour-là, le nombre de recherches faites sur internet par les particuliers sur le sevrage tabagique explose. Pas sur internet seulement, confirme le président de l’Office français de lutte contre le tabagisme, qui constate un pic d’appel dans les premiers jours de juin sur Tabac-Info-Service.
Sources : OMS, Le Nouvel Observateur, Zegreenweb