Quatre mois après la mise en place des tables rondes sur les nouveaux gisements pour l’efficacité énergétique, et alors que les participants devaient remettre les propositions finales mi-novembre, après le rapport d’étape de septembre (voir article du 4 octobre), France Nature Environnement (FNE) vient d’annoncer qu’elle se retire. L’ONG, qui se dit déçue par le manque de moyens financiers et de réelle volonté politique du gouvernement, appartenait au groupe de travail chargé de faire des propositions pour réduire la facture énergétique des ménages.
Dès le départ début juin, huit ONG (Greenpeace, WEFC, Hespul, Réseau Sortir du nucléaire, Agir pour l’environnement, Les amis de la terre, le CLER et le Réseau action climat) avaient annoncé dans un communiqué commun qu’elles n’y participeraient pas. Elles estimaient que :
le niveau de mise en œuvre effective des mesures du Grenelle est insuffisant pour ouvrir un nouveau chantier visant à aller plus loin. La mission primordiale qui incombe aujourd’hui au gouvernement n’est pas de définir un nouveau plan d’action mais de passer à l’action ! Et ce, afin de réduire le gouffre qui existe entre les engagements qui ont déjà été pris et leur mise en œuvre.
FNE estime, par la voix de Maryse Arditi, responsable du réseau énergie de FNE, que les décideurs se trompent de priorités, ce qui freine la réalisation de mesures véritablement efficaces :
La plupart des hommes politiques et des décideurs économiques sont toujours dans la même optique : penser production avant utilisation, offre avant demande, avec un discours récurrent : « les économies d’énergies, c’est important, il faut en faire, mais cela n’empêchera pas la demande d’énergie d’augmenter, donc occupons-nous d’abord de satisfaire la demande et la production.
Si l’association reconnait que des propositions intéressantes ont été évoquées, elle reproche le manque de moyens financiers pour des actions allant dans le sens d’une meilleure efficacité énergétique, et Bruno Genty, son président précise :
Nous y sommes allés avec la volonté de soutenir que la réduction des consommations est un enjeu fondamental pour l’avenir. A ce titre, nous demandions que le grand emprunt (programme « investissements d’avenir ») finance massivement les investissements pour les économies d’énergie, en particulier dans le bâtiment. Hélas, nous avons bien vu la déclaration de 1 milliard d’euros pour le nucléaire, mais rien d’équivalent pour l’efficacité énergétique. Pourtant, en période de risque de récession, un tel investissement permettrait d’investir aujourd’hui pour réduire les dépenses énergétiques de demain mais aussi de créer rapidement des emplois dans le bâtiment et l’artisanat.
Au-delà des moyens financiers, il manque aussi, d’après France Nature Environnement, une réelle volonté politique du gouvernement pour s’engager sur des actions concrètes :
[La table ronde] devait être l’occasion de conforter les engagements pris lors du Grenelle de l’environnement et de dégager des financements pour un programme massif d’isolation du bâti ancien. FNE était donc prête à contribuer à un programme ambitieux de réduction des consommations d’énergie. (…) Il manque l’essentiel, la colonne vertébrale de l’ensemble, la volonté politique forte. (…) Et il faut sans doute chercher le manque de volonté politique ailleurs qu’au ministère de l’Ecologie…
Philippe Pelletier, Président du Plan Bâtiment Grenelle, doit rendre, malgré ce contretemps, dans quelques jours les propositions finales recensant les mesures proposées pour exploiter au mieux les « nouveaux gisements pour l’efficacité énergétique », encore faudrait-il qu’elles soient ensuite traduites rapidement dans les textes. L’échéance électorale étant maintenant toute proche, on est tenté de se dire que le groupe d’ONG ayant refusé d’intégrer ces tables rondes avait quelques raisons de préciser :
Comment, avec un calendrier aussi serré avant la prochaine élection présidentielle, peut-on espérer voir d’éventuelles nouvelles mesures traduites par des décrets d’application alors que nous sommes toujours en attente de la mise en oeuvre des engagements tirés des lois Grenelle 1 et 2 ?
Sources : CDurable, Batiactu, Actu-environnement, Bati Journal, Smartplanet