Depuis longtemps déjà, de nombreuses études ont démontré que le télétravail pouvait avoir des bénéfices environnementaux, notamment en réduisant les trajets domicile/bureau. A partir d’une enquête terrain sur la pratique du télétravail en France et de la littérature existante, l’ADEME (Agence de la transition écologique) a réalisé une étude qui en caractérise les effets rebond et en déduit la balance environnementale globale. Elle en conclut que, hors effets sur l’immobilier d’entreprise, les effets rebond (déplacements supplémentaires, relocalisation du domicile, usage de la visioconférence, consommations énergétiques du domicile) peuvent réduire en moyenne de 31 % les bénéfices environnementaux du télétravail.
Un effet principal et des effets rebond
L’effet principal est dû aux impacts environnementaux associés aux trajets réguliers entre le domicile et le lieu de travail. Cet effet direct modal procure un bénéfice environnemental moyen de 271 kgeqCO2 annuels par jour de télétravail hebdomadaire (ADEME 2015). A cet effet principal, est fixé la référence100.
L’étude attribue ensuite à chacun des effets rebond un taux – défavorable ou favorable – qui vient modifier cet indice. Elle examine d’abord les effets rebond directs, puis les effets systémiques, et enfin les effets non-modélisables. Les effets rebond directs se composent d’abord de l’effet « chaînes modales » et de l’effet « nouvelles mobilités quotidiennes ». Le premier tient compte du déplacement domicile/bureau ponctué de petites haltes : déposer ou récupérer les enfants, accéder à divers services…. La suppression du trajet domicile/ bureau peut, pour certains télétravailleurs, conduire à une mobilité en étoile.
Les effets rebond directs
Le second désigne les nouvelles possibilités de déplacement permises par le télétravail. Il s’agit notamment du véhicule non-utilisé et disponible pour les autres membres du foyer, du choix du lieu de vie et de sa proximité avec différents services, etc. Ces 2 effets rebond défavorables ressortent à 24,9 par rapport à la base 100, soit + 67,7kg eqCO2/an/ jour de télétravail hebdomadaire.
Toujours dans les effets rebonds directs, l’effet « relocalisation » (distances domicile/bureau plus importantes) n’est pas validé par l’étude et se révèle nul à court terme. L’effet « logement » (utilisation de plus d’énergie à la maison) est en revanche bien réel. Il aboutit à une consommation additionnelle de 7,5 kWh lors de la journée de télétravail, soit +20,7 kgeqCO2/an/jour télétravail–semaine (soit-7,6 par rapport à la base 100).
L’effet « bureaux à la demande » (dépersonnalisation des bureaux et diminution de la surface de bureaux nécessaires). Selon trois scénarios définis par l’étude en fonction du degré de flex office, il pourrait avoir un effet rebond favorable de + 2,4 par rapport à la base 100 (soit-6,7kgeqCO2/an/jour de télétravail hebdomadaire) ou de +107 par rapport à la base 100, soit 292,5 kgeqCO2/an, soit enfin de +86 par rapport à la base 100 soit-234 kgeqCO2/an. Il reste très significatif dans tous les cas.
L’effet « visioconférence » (consommation d’énergie des serveurs nécessaires et gaz à effet de serre) est défavorable. Il s’élève à en moyenne à -0,96 sur la base 100 soit l’émission de 2,6kg eqCO2/an/jour de télétravail hebdomadaire.
Les effets systémiques ou non-modélisables du télétravail
Viennent ensuite les effets systémiques au nombre de 3 : l’effet « Congestion routière » (moins de monde et plus d’attrait pour les transports en commun), l’effet « Flexibilité horaire » (optimisation des horaires de départ et d’arrivée) et l’effet « Virtualisation des relations professionnelles » (virtualisation d’un nombre important de réunions et réduction des déplacements professionnels). Les trois se révèlent favorables.
Enfin, dans les effets non-modélisables, l’étude place l’effet « nouvelles mobilités longues » (télétravail sur un lieu de villégiature, par exemple), l’effet « équipement » (équipement étendu : double-écran, fauteuil ergonomique à la maison, etc.), l’effet « extension des horizons professionnels » (zone d’intervention d’un salarié plus étendue), l’effet « pouvoir d’achat » (moins de dépenses de carburant par exemple), l’effet « dématérialisation de l’entreprise » (diverses consommations réduites) et l’effet « vie quotidienne » (commerces de proximité, réduction du gaspillage, etc.).
S’y ajoutent les effets peu significatifs à court terme : l’effet « Bureau à la maison » (plus de place nécessaire), l’effet « télécentres et espaces de coworking » (maintenance de déplacements résiduels), l’effet « campus densifié » (rationalisation des implantations immobilières des entreprises).
Source : ADEME