Difficile de résumer en quelques phrases une journée de débats riches et animés. Indéniablement cette 11eme édition, organisée le 19 janvier 2010 au CNIT à Paris – La Défense, marque à la fois la puissance du syndicat des énergies renouvelables et l’ampleur du mouvement qui se met en place en France.
La journée a été rythmée autour de quatre moments forts : trois tables rondes et une remise de prix. Je vous propose un rapide descriptif de ces moments et un verbatim des meilleurs interventions à la tribune.
La première table ronde était consacrée à la croissance verte comme réponse à la crise. Elle a été dominée par l’échange entre les économistes et brillants orateurs Bernard Maris et Philippe Chalmin. Leur débat avait été lancé par Michèle Pappalardo qui a rappelé « que la terre serait peuplé en 2050 de 9 milliards d’hommes avec un niveau de vie se rapprochant du notre : avec nos modes de vie actuels cela n’est pas possible, nous aurons tous besoin de sobriété énergétique, d’eau et de ressources naturelles ». Elle a conclu : « la croissance verte est une nécessité absolue mais il reste en matière de croissance durable à définir le bon indicateur qui n’est pas forcément le PIB. »
La remise du 7eme trophée des Énergies renouvelables à Mme Connie Hedegaard, nouvelle commissaire européen désigné à l’action climatique a permis à l’ancien ministre Climat et Énergie du Danemark de nous rappeler le chemin parcouru par le Danemark en trente ans et annoncer le déblocage de 100 M€ pour introduire les véhicules électriques au Danemark (avec l’américain BetterPlace et Renault-Nissan).
La seconde table ronde était consacrée au niveau gisement industriel que représentent les énergies renouvelables pour la France. On retiendra le nouveau nom vraisemblable du CEA : le CEA2 (Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives) et que les éco-industries françaises pourront bénéficier, outre des fonds du grand emprunt, de l’alliance ANCRE (Agence Nationale de Coordination de la Recherche Énergétique) et Pôles de compétitivité.
La dernière table ronde réunissait des représentants des principales forces politiques françaises et a été assez consensuelle, derrière le Grenelle 1 et 2 mais aussi sur les ENR et la MDE (Maitrise de la Demande de l’Énergie). Yves Cochet a souligné « Il faut plus de renouvelables mais aussi moins d’énergie consommé au total. C’est la seule façon de tenir l’objectif des 23% d’ENR » et d’insister « S’il y a une chose à faire en premier, c’est d’essayer de dépenser moins d’énergie. » Eric Diard (UMP) est revenu sur le décret du 12 janvier « Sur le photovoltaïque, on a vu une brutale augmentation des demandes de raccordement en passant de 5000 dossiers par mois à plus de 3000 par jour fin 2009, d’où le réajustement des tarifs de rachat dans l’arrêté du 12 janvier pour mettre fin aux effets d’aubaine » (en référence aux installations sur hangars agricoles.
André Antolini, Président du SER, a conclu les débats :
« Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Je note un consensus MAIS on a un besoin absolu de pilotage d’une part entre les différents niveaux de décision et d’autre part entre les différents moyens d’investissement. Sinon, nous aurons les plus grandes peines du monde à réaliser nos objectifs. »
Verbatim de la journée
« Quand on a quitté l’âge de pierre, il y avait encore de la pierre. On va quitter l’âge du pétrole et il y aura encore du prétole. » Jean-François Carenco (Directeur de cabinet de Jean-Louis Borloo)
« Le « mur nucléaire » représente 200 milliards d’euros, c’est le moment où il faudra renouveler toutes les centrales nucléaires françaises en même temps. » Jean-François Carenco.
« Le meilleur slogan que j’ai vu à Copenhague : there is no planet B » Pierre-Franck Chevet (Direction Générale Énergie et Climat)
« 60% des permis de construire déposés en 2010 seront pour des bâtiments BBC. » Marc Pigeon (FNPC).
« S’il y a quelque chose à ajouter au Grenelle 2, c’est peut être une plus grande part pour la géothermie. Si elle fait un peu oubliée, c’est sans doute parce qu’elle vient du sol profond et donc de l’enfer, contrairement à l’éolien ou au solaire qui viennent de l’air et du vent… » Yves Cochet (Verts – Europe écologie).
« La fessée généralisée pour tout le monde en taxant le kWh, ce n’est pas notre tasse de thé. » François Brottes (PS).
« Dans ma ville d’Agen, je vois monter le conflit entre paysage et production d’énergie photovoltaïque sur nos toits. Le bloc commune – inter-communes doit se saisir de cette question en terme d’urbanisme et anticiper là où il risque d’y avoir des problèmes d’acceptabilité. » Jean Dionis Du Séjour (Nouveau Centre).
« Sur l’éolien en France, on a actuellement un petit trou d’air et des difficultés à trouver de nouvelles implantations. » David Corchia (DG d’EDF EN).