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Transition énergétique : l’Allemagne, un exemple à ne pas suivre ?

Après la catastrophe de Fukushima, l’Allemagne a décidé de sortir du nucléaire. La production électrique nucléaire, qui auparavant couvrait 23 % des besoins allemands, n’en assure déjà plus que 16 % environ. Mais les industriels jugent à présent « médiocre » la gestion de la transition énergétique menée par leur gouvernement, selon une enquête réalisée par l’Institut économique de Cologne IW et publiée mi-août. En effet, actuellement, cette transition énergétique ne profite à personne : ni aux industriels, ni aux consommateurs, ni même à l’environnement. Au contraire, elle entraîne, selon les termes du Monde, une série « d’effets pervers ».

Eoliennes en AllemagneLe premier de ces effets pervers concerne la hausse des tarifs de l’électricité. En matière d’électricité chère, l’Allemagne se situe à la deuxième place européenne, après le Danemark, dans le classement du prix du kWh : plus de 25 centimes (contre environ 13 centimes en France). Il s’agit là du prix payé par les  consommateurs et par les PME. Les énergies renouvelables, qui représentent actuellement 23 % de l’électricité produite par le pays (ce qui semble une réussite) a fait grimper la facture en raison d’une loi de 2001 qui prévoit l’obligation de raccordement au réseau de toutes les installations produisant de l’électricité et pour les producteurs, un prix d’achat bien au-dessus de celui du marché et garanti pendant 20 ans.

Cette « explosion du photovoltaïque et de l’éolien« , supportée principalement par les consommateurs et les PME, a entraîné une augmentation de quelque 185 € en 2013 par an pour un foyer de trois personnes et devrait même atteindre 250 € en 2014, ce que les ménages comprennent mal. D’autant plus que les industriels les plus énergivores (chimie, métallurgie, industrie du verre, producteurs de matériaux) sont quant à eux dispensés depuis 2011 des redevances d’utilisation du réseau, qui permettent justement de financer les énergies renouvelables, afin de préserver leur compétitivité. Une situation qui d’ailleurs ne devrait pas durer, car la Commission Européenne estime que cette exemption constitue une « distorsion de concurrence« .

Autre effet pervers : une augmentation de 2 % des émissions de CO2 du pays, en raison du retour en force du charbon : une énergie très polluante mais peu chère (voir l’article du 23/12/2012), que les Etats-Unis exportent beaucoup vers l’Europe depuis qu’ils se sont tournés vers l’exploitation des gaz de schiste, et qui attire les grandes compagnies électriques, privées de l’atome très rentable pour elles, et qui  peinent à le remplacer. Ces grandes compagnies électriques ont en effet vu leurs titres s’effondrer en bourse ces deux dernières années.

E.ON a supprimé 6 000 emplois en 2012 et envisage de délocaliser des centrales en Turquie, RWE prévoit de fermer 6 centrales et mise sur l’exportation massive de l’électricité produite dans les centrales à charbon : l’Allemagne a exporté 23 milliards de kilowattheures en 2012, un record. Les centrales à gaz, mieux adaptées à la transition énergétique que celles à charbon, souffrent des tarifs d’achat du gaz naturel qui les rend non rentables. Ainsi E.ON ne fait fonctionner qu’à 20 % de ses capacités un réacteur à gaz inauguré en 2010 à Irsching en Bavière.

Enfin l’Allemagne rencontre un autre problème : les parcs éoliens prévus pour la Baltique ont bien du mal à trouver des financeurs. Les mettre en pleine activité demande la création de nouvelles infrastructures : des lignes à haute tension pour acheminer l’électricité produite au nord du pays vers le sud, particulièrement demandeur (voir notre article du 8/11/2011). Or les Allemands voient d’un très mauvais œil ces lignes passer près de chez eux : de fortes résistances locales existent et de nombreux recours sont en préparation.

Sources : Le Monde, L’énergie en question, Science et Avenir

Cet article a été écrit par : 

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Une réponse sur “Transition énergétique : l’Allemagne, un exemple à ne pas suivre ?”

  1. L’Allemagne n’a pas décidé de sortir du nucléaire en 2011 mais en 2002. La « journaliste » du Monde ferait bien de s’informer avant de raconter n’importe quoi. Si elle est correspondante à Berlin, ce ne devrait pas être trop compliqué. Mais on peut l’aider.

    http://energeia.voila.net/electri/allemagne_nucle_renouv.htm

    Maintenant, ce qu’il faut comparer, c’est la facture finale, car nos voisins ont une meilleure efficacité énergétique et consomment beaucoup moins d’électricité que nous.

    http://energeia.voila.net/electri2/electricite_residentiel_france_allemagne.htm

    Une partie des charges qui chez nous pèsent sur le travail (cotisations sociales) ont été transférée en Allemagne sur la TVA et sur l’électricité.

    C’est un choix économique et politique.

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