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Transition(s) 2050 : les scénarios de l’ADEME pour la neutralité carbone

Après les visions de RTE et de l’association négaWatt sur les chemins pour arriver à la neutralité carbone en 2050, c’est au tour de l’ADEME de publier une étude prospective pour atteindre ce but, Transition(s) 2050 – Choisir maintenant, agir pour le climat. Elle la décline en quatre scénarios pour la France métropolitaine reposant sur les mêmes données macroéconomiques, démographiques et d’évolution climatique (+2,1 °C en 2100).

Transition(s) 2050

Trois études prospectives vers la neutralité carbone

RTE nous a proposé en octobre Futurs énergétiques 2050. Il présente différentes analyses de mix énergétiques, leurs avantages, leurs inconvénients, leurs impacts ainsi que leurs conséquences. L’Association négaWatt a publié La transition énergétique au cœur d’une transition sociétale, sa cinquième étude pour une voie possible vers la neutralité carbone à l’horizon 2050. Elle s’appuie à 96 % sur des ressources énergétiques renouvelables et une très forte réduction de l’extraction de matières premières dans la croûte terrestre.

L’ADEME, dans Transition(s) 2050, présente quatre scénarios qui aboutissent tous à la neutralité carbone du pays, mais empruntent des voies distinctes et correspondent à des choix de société différents. Cette étude prospective est l’aboutissement de deux ans de travaux d’élaboration et d’échanges avec un comité scientifique et des spécialistes des différents domaines.

4 scénarios pour Transition(s) 2050

Si la définition de la neutralité carbone est à peu près partagée, selon l’ADEME, « le chemin pour l’atteindre reste encore flou, voire totalement inconnu, pour la plupart des décideurs et des citoyens ». Elle propose donc, dans Transition(s) 2050, quatre chemins « types », « cohérents et contrastés », pour y conduire la France.

Pour chaque scénario, l’Agence a construit « un récit cohérent, décliné dans chaque secteur économique et social, au travers de variables structurantes ; ces récits ont ensuite été transformés en hypothèses quantitatives dans des modèles existants ou créés pour l’occasion ; plusieurs itérations successives ont été nécessaires pour vérifier, croiser et affiner ces quantifications ».Ce travail a mis en lumière les interdépendances entre les différents secteurs étudiés pour chaque scénario : les secteurs du bâtiment, de la mobilité des voyageurs et du transport de marchandises, de l’alimentation, de l’agriculture, des forêts, de l’industrie, des déchets et des services énergétiques (fossiles, bioénergies, gaz, hydrogène, chaleur et électricité).

Les scénarios se nomment Génération frugale (S1), Coopérations territoriales (S2), Technologies vertes (S3) et Pari réparateur (S4). Ils se focalisant donc clairement davantage sur le sujet de la transition sociétale que simplement énergétique. Le mix énergétique fera l’objet d’un rapport additionnel en début d’année prochaine. Ces scénarios réduisent les émissions de gaz à effet de serre d’un facteur de 6 à 7 pour les trois premiers, d’un facteur 4 pour le dernier, par rapport à aujourd’hui.

9 messages clés

De l’étude Transition(s) 2050, se dégagent 9 messages clés.

1 – Les quatre voies présentées permettent d’atteindre la neutralité carbone. Mais toutes sont difficiles et nécessitent une planification orchestrée des transformations, associant État, territoires, acteurs économiques et citoyens.

2 – Tous les scénarios comportent donc une part de risque. Mais tous n’entraînent pas les mêmes conséquences environnementales, sociales et économiques. Atteindre la neutralité carbone repose en effet sur des paris forts, humains et technologiques.

3 – Pour tous les scénarios, il est impératif d’agir rapidement : les transformations sociotechniques à mener sont d’une telle ampleur qu’elles mettront du temps à produire leurs effets. L’ADEME rejoint en cela les conclusions de RTE.

4 – La réduction de la demande en énergie, elle-même liée à la demande de biens et de services, est le facteur clé pour atteindre la neutralité carbone. Cette réduction peut aller de 23 % à 55 % par rapport à 2015 suivant les scénarios.

5 – L’industrie va devoir se transformer non seulement pour s’adapter à une demande en profonde mutation mais également pour décarboner sa production. Des plans d’investissements importants seront nécessaires pour accompagner les territoires et former les salariés aux nouveaux métiers.

6 – Le vivant permet de combiner trois leviers stratégiques : le stockage de carbone, la production de biomasse et la réduction des gaz à effet de serre. Il est l’un des atouts principaux de cette transition. Il faut donc maintenir un équilibre entre les usages alimentaires et énergétiques de la biomasse avec la préservation des fonctions écologiques, comme la biodiversité et le stockage de carbone.

7 – L’adaptation des forêts et de l’agriculture devient donc absolument prioritaire pour lutter contre le changement climatique.

8 – La pression sur les ressources naturelles varie considérablement d’un scénario à l’autre. C’est particulièrement le cas pour l’eau d’irrigation ou les matériaux de construction, dont les volumes consommés varient d’un facteur 2 entre certains scénarios.

9 – Dans tous les scénarios, en 2050 l’approvisionnement énergétique repose à plus de 70 % sur les énergies renouvelables et l’électricité est le principal vecteur énergétique.

Transition 2050

Des problématiques différemment abordées selon les scénarios

Au travers de l’étude Transition(s) 2050, l’ADEME dégage également cinq problématiques à mettre en débat et traitées différemment d’un scénario à l’autre. Tout d’abord celle de la sobriété énergétique. Jusqu’où peut-on aller ? Puis celle des puits naturels de carbone Peut-on s’appuyer uniquement sur eux pour atteindre la neutralité ?

La troisième problématique porte sur un sujet souvent abordé au cours de ces dernières années : qu’est-ce qu’un régime alimentaire durable ? La quatrième problématique aborde l’artificialisation des sols, la précarité et la rénovation : une autre économie du bâtiment est-elle possible ? Enfin la dernière est ainsi résumée « vers un nouveau modèle industriel : la sobriété est-elle dommageable pour l’industrie française ? »

Source : ADEME

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