La ville de Nantes peut s’enorgueillir d’une première en France en matière de transport fluvial : une navette à hydrogène. Elle relie, depuis son inauguration le 30 août, le quai de Petit-Port à celui de Port-Boyer, sur les bords de l’Erdre. Elle répond à un appel à projet de l’ADEME pour développer la filière française de l’hydrogène.
Une navette à hydrogène baptisée Jules Verne
Nommée Jules Verne, elle rend hommage à l’écrivain visionnaire qui écrivait en 1874 dans L’île Mystérieuse : « Oui, mes amis, je crois que l’eau sera un jour employée comme combustible, que l’hydrogène et l’oxygène, qui la constituent, utilisés isolément ou simultanément, fourniront une source de chaleur et de lumière inépuisables et d’une intensité que la houille ne saurait avoir ».
« L’idée est partie d’un appel à projet de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) pour développer la filière hydrogène », explique Pierre-François Gérard, chargé du projet à la Semitan (régie des transports de la ville de Nantes). Et la sécurité de ce bateau a été particulièrement étudiée : « Nous avons beaucoup travaillé à la sécurité, tout l’équipement se trouve au-dessus du bateau. En cas de fuite, toutes les têtes de batteries sont tournées vers le ciel. Car même s’il est moins dangereux que le gaz naturel, l’hydrogène reste un gaz sous pression… », ajoute-t-il.
Un démonstrateur
Fruit de dix années de travail et construite en Vendée, la navette à hydrogène fonctionne avec deux piles à combustible, équipées de batteries alimentées à l’hydrogène. L’un de ses points forts provient de son autonomie : 6 jours. Silencieuse, elle ne produit ni émission polluante ni gaz à effet de serre. « Le plein se fait en quelques minutes comparé à une charge électrique qui dure plusieurs heures », explique Henri Mora, président de l’association nantaise Mission Hydrogène, partie prenante du projet. « La consommation journalière s’élève à près de 1,3 kilo d’hydrogène. C’est l’équivalent de cinq litres de gas-oil. Mais là, c’est zéro émission de C02, zéro gaz à effet de serre. »
Longue de 10,80 mètres, la navette à hydrogène peut accueillir actuellement une douzaine de passagers et 6 vélos. Mais à terme, ce sont 25 personnes qu’elle pourrait transporter d’une rive à l’autre de l’Erdre. Cependant ce « navibus » reste un démonstrateur, qui doit permettre d’envisager des projets de plus grande envergure. Et notamment des bateaux bien plus puissants qui pourraient naviguer sur la Loire.
« Tant que cette terre sera habitée, elle fournira aux besoins de ses habitants, et ils ne manqueront jamais ni de lumière ni de chaleur, pas plus qu’ils ne manqueront des productions des règnes végétal, minéral ou animal. Je crois donc que lorsque les gisements de houille seront épuisés, on chauffera et on se chauffera avec de l’eau. L’eau est le charbon de l’avenir », prévoyait Cyrus Smith, l’ingénieur de L’île mystérieuse…
Sources : Presse-Océan, Les horizons