L’UFC Que Choisir publie une étude sur l’impact économique « désastreux » , pour l’ensemble des consommateurs, du chauffage électrique. Devenu en trente ans le deuxième mode de chauffage des Français (après le gaz naturel), il induit, pour l’ensemble des consommateurs, d’importants surcoûts liés au surdimensionnement des capacités de production nécessaires pour assurer la sécurité du système électrique.
Pour évaluer les coûts réels du chauffage électrique, l’organisation de consommateurs a fait appel à un cabinet indépendant qui a développé deux méthodes de calcul : elles « montrent aujourd’hui que les politiques tarifaires ne permettent pas de refléter correctement les coûts du chauffage électrique. » Actuellement 30 % des ménages français se chauffent à l’électricité, dans un parc de logements globalement ancien et énergivore (62 % des logements ont été construits avant 1975, soit avant les premières réglementations thermiques). De plus, les ménages aux ressources les plus faibles dépensent en moyenne plus pour se chauffer que les ménages les plus aisés : « la qualité des équipements mais aussi et surtout l’efficacité énergétique expliquent en grande partie cette différence. »
« Protection électrique : une usine à gaz coûteuse, du fait du chauffage électrique, payée pleine charge par tous les consommateurs »
L’impossibilité de stocker l’électricité entraîne un surdimensionnement des moyens de production pour de très ponctuels pics de consommation électrique (quelques heures par an : « la taille du parc de production a dû être doublé » (la puissance du parc atteint les 123 GW, alors que la consommation hors chauffage n’a besoin que 60 GW environ), d’où le recours aux énergies fossiles couteuses et polluantes. Cela nécessite d’autre part d’adapter les infrastructures de transport à ces moyens exceptionnels.
« Pour les usagers du chauffage électrique, les coûts liés à ce dernier ne sont donc actuellement pas répercutés sur la facture, mais plutôt sur l’ensemble des consommateurs n’ayant pas de chauffage électrique » assure l’étude. En effet, si seuls ceux se chauffant à l’électricité assumaient les surcoûts, cela reviendrait à 12 % supplémentaires sur le prix du kWh, et même « 80 % si l’on y intègre les coûts de renouvellement du parc de production. » Au contraire, ils bénéficient actuellement d’un allègement de facture de 8 % par rapport à ce qu’ils devraient payer, alors que les autres ménages sont surfacturés à hauteur de 2 %.
« Coûts de réseau : la double paie/peine pour les ménages qui ne se chauffent pas à l’électrique »
Ramené au MWh consommé, l’abonnement d’électricité coûte moitié prix pour les usagers du chauffage électrique, « alors qu’ils génèrent des coûts de réseau presque deux fois supérieurs. » « En conclusion, aujourd’hui, l’ensemble des consommateurs subissent des coups de jus tarifaires du fait du seul chauffage électrique ! » précise le communiqué de l’association.
Pour l’UFC Que Choisir, il s’agit avant tout de « s’attaquer à la captivité des consommateurs vis à vis de cette énergie ou du moins d’en atténuer les effets. » Les efforts doivent donc porter sur le parc ancien (la problématique chauffage électrique est en effet fortement réduite dans les nouveaux logements, grâce à la RT 2012 qui en limite les usages). Dans cette esprits, l’organisation de consommateurs, bien que « non conviée au débat sur l’énergie, (…) soucieuse d’alléger la facture des consommateurs et de préserver l’environnement, propose donc aujourd’hui » :
- De muscler les politiques incitatives d’efficacité énergétique des logements à travers un Bonus/Malus et un aménagement de la taxe foncière en fonction des travaux effectués ;
- Un mécanisme d’aide aux propriétaires aux capacités d’investissement limitées grâce à la mise en place d’un tiers investisseur, qui finance les travaux et se rembourse sur les économies réalisées.
Source : UFC Que Choisir