L’ADEME a publié le Bilan National du Recyclage qui rend compte des évolutions du recyclage en France de différents matériaux : métaux ferreux et non-ferreux, papiers-cartons, verre, plastiques, matériaux inertes du BTP et bois. Il s’agit d’un recueil de données et d’analyses portant sur une période de 10 ans (2005-2014) qui évalue également la contribution des différentes filières de REP (Responsabilité Elargie des Producteurs) et en quantifie les bénéfices.
Dans le cadre de la transition nécessaire vers l’économie circulaire, le recyclage des déchets, et la réincorporation des matières premières contenues dans ceux-ci dans la production, est un pilier indispensable. Après avoir rappelé les enjeux du recyclage, le contrôle réglementaire et les étapes dans un contexte qui favorise le recyclage, l’étude aborde la répartition de la production annuelle des matériaux en France. Celle-ci suit une tendance à la baisse qui s’est amplifiée au fil des ans. Après une baisse importante en 2009, elle a toutefois connu une reprise modérée, puis s’est stabilisée.
Une collecte en hausse de 3 % seulement en 10 ans
La collecte des matériaux usagés a elle-aussi connu une chute des volumes en 2009, mais elle s’est ensuite reprise, à l’exception notable des métaux ferreux. Pour les cinq types de matériaux considérés ci-dessus, 24,4 Mt de déchets ont été collectées en 2014 en vue du recyclage, soit une hausse de seulement 3 % par rapport à 2005. A noter, par contre, la collecte du verre usagé qui n’a cessé d’augmenter et enregistre une progression de 20 % sur 10 ans, mais les ordures ménagères constituent à elles-seules 79 % du verre récupéré. Le taux de récupération des plastiques reste encore faible, car, selon l’étude, « le gisement de déchets plastiques est extrêmement diffus, difficilement captable, et la pluralité des polymères complexifie le tri. »
Une utilisation de MPR en chute de 19 %
Le rapport évalue ensuite l’évolution de l’utilisation des matières premières issues du recyclage. Celle-ci a diminué en 10 ans (-19 %), mais s’est stabilisée au cours des dernières années. Le taux d’incorporation des matières premières de recyclage (MPR) s’établit à 50 %, en très léger recul sur les dernières années : la production des matériaux de base continue donc à reposer en majorité sur les ressources primaires, mais avec de grandes disparités selon les matériaux. Les filières REP des verres et des plastiques représentent les contributions les plus élevées au recyclage des matériaux. A contrario, la part des filières des métaux ferreux et du bois restent faibles.
Des comparaisons peu favorables
L’étude compare ensuite les données par flux de matériaux de la France et des autres pays, particulièrement européens. Globalement, le bilan n’est pas particulièrement favorable, que ce soit face aux pays d’Europe ou face au reste du monde.
Par exemple, alors que la France se situe à la 3ème place européenne pour la production d’acier, son taux d’incorporation des ferrailles se situe légèrement en-dessous de la moyenne (56 %), alors que le Luxembourg et le Portugal utilisent près de 100 % des ferrailles de leur production. Pour les métaux non-ferreux, les capacités de production d’aluminium recyclé sont supérieures aux volumes effectivement recyclés.
Premier consommateur de verre d’emballage européen, la France ne se classe qu’en 13ème position en matière de taux de recyclage. Avec un taux de recyclage de 21 %, contre environ 30 % en Europe, la France se positionne comme un des pays européens les moins performants en matière de recyclage des déchets plastiques : pourtant le caractère intrinsèquement diffus du gisement n’est pas spécifique à la France. En ce qui concerne les déchets inertes du BTP, la France est le second producteur de granulats en Europe, mais le 4ème seulement de granulats recyclés.
Des impacts environnementaux réels
Pour autant les impacts environnementaux sont bien réels, selon l’étude, même s’ils pourraient largement s’améliorer : « En 2014, une quantification de l’impact environnemental du recyclage des déchets incorporés en France (qu’ils soient collectés en France ou à l’étranger) a révélé que le recyclage des métaux ferreux, du cuivre, de l’aluminium, des papier-cartons, du verre, des inertes du BTP, du bois et des plastiques avait engendré les bénéfices environnementaux suivants :
- Eviter le rejet de 20 millions de tonnes d’équivalent CO2,
- Economiser 165 TWh de consommation d’énergie cumulée,
- Economiser 250 millions de m3 d’eau,
- Réduire l’eutrophisation des eaux douces (-1 300 t Peq) et des eaux marines (-23 500 t Neq), ainsi de l’acidification de l’air (-102 000 kmol H+eq). »
Source : ADEME